Boîte crânienne à louer
Trelkovsky humble employé de bureau Parisien se met à la recherche d'un appartement dans un immeuble tranquille où il pourrait profiter de sa toute nouvelle naturalisation. Trelkovsky est un être...
le 12 mai 2015
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Le Locataire de Roman Polanski est un énième film de son auteur sur la folie, la paranoïa et à la claustrophobie, un de plus diront certains, mais certainement pas un de trop (selon moi). Pour Roman Polanski, c'est manifestement un thème qui l'obsède (Répulsion et Rosemary's baby, pour ne citer que les deux plus célèbres).
M. Trelkovsky aka Le Locataire (Roman Polanski) est un employé de bureau sans histoires, en quête d'un appartement dans Paris. Il va rapidement accepter un deux-pièces minuscule, mais à hauteur de ses "faibles" moyens. Qui plus est, il apprend que la précédente locataire Simone Choule s'est suicidée la veille, en se jetant par la fenêtre. Et très vite, il réalisera que le voisinage n'a rien de commode ... c'est le moins qu'on puisse dire !
La paranoïa, ou ce qu'on croit être la paranoïa de M. Trelkovsky, est au centre du récit. Peu à peu, la tension monte entre les voisins et Le Locataire. Les petits éléments "perturbateurs" s'ajoutent les uns après les autres et l'étrangeté de la situation ne fait que prendre de l'ampleur. Le film ne donne jamais de réponses claires, à savoir si M. Trelkovsky est réellement en danger ou s'il tombe doucement dans la folie. Roman Polanski sème les indices à travers son métrage, une dent dans le mur de l'appartement, des hiéroglyphes égyptiens sur les murs des chiottes, le café d'en face qui au p'tit matin ne lui sert que le p'tit déjeuner préféré (un lait au chocolat avec deux tartines au beurre) et les cigarettes préférées (des Marlboro) de la défunte ... tous ces éléments insinuent le doute chez le spectateur. Toujours est-il que, sous la pression supposée des voisins, M. Trelkovsky se transforme peu à peu en Simone Choule.
Le plan final nous laisse supposer que l'histoire ne soit qu'une éternelle répétition et que M. Trelkovsky est Simone Choule.
La direction artistique est très impactante, on sent le soin tout particulier apporté aux décors. Roman Polanski et son décorateur en chef ont voulu donner une identité visuelle forte au film. aucun autre décor ne le démontre plus, que l'appartement occupé par Le Locataire, un deux-pièces absolument sordide, exigüe, laid et avec chiottes sur le palier d'en face. Et la mise en scène de Roman Polanski colle parfaitement à la direction artistique du film, elle capte tous les éléments du décors pour nous exposer leur laideur en pleine face. Elle traduit aussi à l'écran la paranoïa de M.Trelkovsky, en multipliant les effets de style, le floue, le zoom, le plan désaxé ... c'est une mise en scène de toute beauté.
Roman Polanski joue à merveille Le Locataire M.Trelkovsky, ce p'tit gars d'origine polonaise (un naturalisé français comme Roman Polanski), plutôt timide et passe partout, à qui on peut immédiatement s'identifier. C'est en quelque sorte son propre rôle qu'il joue à l'écran. Quant à Isabelle Adjani, mais qu'est-ce qu'elle est belle cette fille (comme le disait si justement Pierre Desproges dans l'un de ses sketch). Elle se contente d'être belle, c'est la définition première et la seule du personnage de Stella, mais alors "j'insiste" qu'est-ce qu'elle est belle. Ensuite on retrouve l'acteur américain Melvyn Douglas qui joue M. Zy, le voisin proprio de l'appartement loué à M. Trelkovsky. Il incarne à la perfection ce propriétaire antipathique, dont on sent tout de suite qu'il faut se méfier. Mention spéciale à Bernard Bresson, excellent comédien habitué des seconds rôles du cinéma français et déjà vu chez Claude Sautet dans le non moins excellent Max et les Ferrailleurs. Il a vraiment une tronche "de sale gueule", le genre de gueule immédiatement reconnaissable et un jeu immédiatement impactant, quelque soit le faible temps d'apparition à l'écran. Là il joue un pote de bureau qui fout la merde, le genre de pote gênant, plus enclin à t'enfoncer dans les emmerdes que de t'en sortir. Et puis la participation de plusieurs membres de la troupe du Splendid (Josiane Balasko, Gérard Jugnot et Michel Blanc) détonne quelque peu au sein d'un film aussi sérieux et inquiétant.
Bref, Le Locataire est un grand film de Roman Polanski, un de plus j'ai envie de dire, tellement sa filmographie est impressionnante. Comme pour Répulsion ou Rosemary's baby, Le Locataire est un film dont on ne ressort pas indemne, avec un goût d'amertume et un parfum de désenchantement ... mais on sait tout de suite qu'on a vu un grand film.
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Créée
le 24 déc. 2021
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