Boîte crânienne à louer
Trelkovsky humble employé de bureau Parisien se met à la recherche d'un appartement dans un immeuble tranquille où il pourrait profiter de sa toute nouvelle naturalisation. Trelkovsky est un être...
le 12 mai 2015
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Tout ceux qui ont déjà loué un appartement à Paris comprendront ce film. Ceux-là qui ont déjà loué un appartement dans une grande ville, peut-être également. Certes, « Le locataire » est le récit d'une descente au enfer, d'une plongée dans la paranoïa, dans une délire complotiste. Une narration kafkaïenne servie par une musique joliment angoissante. Cependant, on devrait plutôt parler du fond. Revenons au titre du film, méditons-le. À l'évidence, Polanski a surtout dû avoir une mauvaise expérience de location à Paris (et indissociablement, de voisinage). Voilà ce qu'il cherche à dénoncer dans ce film.
J'en veux pour preuve le début du film : notre locataire, M. Trelkovsky, discute avec le propriétaire, et tout de suite on commence à se disputer sur le prix du loyer. La discussion s'achève par l'argument de la rareté des appartements à Paris ; et ceci permet au propriétaire de l'emporter sur son timide interlocuteur. On constatera que rien n'a changé. Puis viennent les problèmes de voisinage (en particulier du voisin dit du « y'en a qui travaillent », bien connu de nos services), les ennuis de plomberie, la périlleuse descente des poubelles. Heureusement, notre héros n'a pas de clic-clac. Celui-ci aurait eu tôt fait de se bloquer, et ce au pire moment. M. Trelkovsky aurait alors essayé de forcer un peu et l'on aurait entendu un craquement lugubre... Ça aussi, c'est quelque chose.
Et que penser, enfin, de cette angoissante métamorphose ? Que comprendre, sinon qu'une fois locataire parisien, quelque effort qu'on fasse pour s'en sortir, on ne peut que progressivement se transformer en une vieille femme aigrie et dépressive, qui gifle de rage les enfants au jardin des Tuileries (« you filthy little brat ! » [1]), et passe son temps au rayon égyptologie du Gibert Jeune « ésotérisme ». Que finalement la situation du locataire parisien est telle que le drame et le suicide reste son unique destin. C'est bien le sens terrible de la scène finale. L'éternel retour : on en est là. Ce film est un véritable cri d'alarme et l'on ne peut s'empêcher d'espérer qu'Anne Hidalgo sache l'entendre et en tirer les décisions politiques qui s'imposent.
[1] http://www.youtube.com/watch?v=yGkn-gbAxDE (il y a quand même des gens biens sur youtube)
Créée
le 12 mai 2014
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