Il était une fois un paisible village reculé dans la cambrousse où vivaient en harmonie campagnards, roms et oiseaux dans un climat et paisible...Si paisible que la science n'a qu'à peine touché ce dernier et que les superstitions mystico-chétino-sataniques sont encore présentes et alimentent gaiement le tourisme local (et l'activité de nos chers nomades). Or, un jour, surgit, un étranger, à l'accent typé anglo-saxon qui vient récupérer son dû, en digne fils du propriétaire des lieux. Et bientôt notre cher jeune héritier apprendra que sa virilité devra se soumettre à quelques changements un tantinet chatouilleux (voir même douloureux) avant qu'il ne puisse prétendre devenir le nouveau maître...
A travers ce synopsis vu et revu dans l'ensemble des oeuvres fantastiques parues depuis l'avènement des temps modernes, il ne fut pas s'attendre à des masse de surprise. En effet, entre la présentation stéréotypée d'une petite bourgade reculée où contes et légendes prennent vie et insidieusement piègent le voyageur (plus ou moins) égarés venu faire du tourisme et sa galerie de protagonistes tantôt inquiétants ( la vieille gitane et son rejeton), tantôt antipathiques et prévisibles (le maître du domaine et son ton austère et autoritaire permanent), on nage en terrain connu. Toujours l'éternel drame des classiques pillés abusivement en raison de leur succès... Pour autant, contrairement à un un certain Frankenstein qui ne propose aucun angle de réflexion et s'enlise dans la facilité, on a ici une oeuvre d'épouvante qui a su conserver un certain intérêt malgré le temps.
Tout d'abord, la production en studio ne se fait guère ressentir ; la clarté de la lune qui repose sur les bois labyrinthiques plongés dans l'obscurité.... le brouillard qui entoure ces derniers.... les ombres furtives qui annoncent progressivement l'apparition de la créature.... Tout cela créée une atmosphère envoûtante que la photographie remarquable sublime , ce qui permet de conserver au film une certaine intemporalité. Mais celle-ci est également soulignée par la thématique même du film : la dualité de l'homme : entre être bienveillant et malfaisant ; animal social et animal primaire. Reposant sur la prestation de Lon Chaney, cette idée donne une dimension supplémentaire au film et lui permet de compenser la faiblesse des scènes "d'attaque" grâce à quelques scènes montrant le désarroi de notre protagoniste face à ce qui lui arrive. On se rapproche de ce fait des réflexions de Stevenson sur la nature humaine et on se paie même le gage de ne pas sombrer totalement dans un manichéisme outrancier par une utilisation judicieuse du patriarche qui montre les failles que peut avoir un être totalement empreint de rationalité. Ainsi, par le biais de ce protagoniste/antagoniste, voit-on transparaître le message suivant : l'aveuglement dû aux croyances religieuses et aux superstitions folkloriques peut aussi rejoindre la croyance en la sacro-sainte véracité scientifique et totalement occulter notre vision de notre environnement... Et ci fait, de la réalité.