On ne meurt qu'une seule fois.

On a tendance à oublier à quel point le cinéaste Patrice Leconte est éclectique, passant de la comédie populaire (la trilogie des "Bronzés") au drame romantique ("La fille sur le pont") en passant par la satire cinglante et le film d'époque ("Ridicule"). Il s'attaque cette fois au film d'animation (et à la 3D au passage) par le biais d'une adaptation du roman de Jean Teulé.

Passé une séquence inaugurale délicieusement macabre et gentiment transgressive (on s'y suicide à tout va, même les pigeons), il apparait rapidement que "Le magasin des suicides" a tout de la mauvaise idée, coincé qu'il est entre un univers adulte et dépressif dopé à l'humour extrêmement noir et un récit basculant rapidement dans le niais, collant aux basques d'un marmot insupportable jusqu'à un final dégoulinant de bons sentiments.

Bouffé par ses influences diverses (on pense à Tim Burton, à Neil Gaiman et à "La famille Addams") et par de nombreuses séquences musicales incroyablement fades, "Le magasin des suicides" n'est même pas sauvé par sa facture technique, il est vrai correcte mais désespérément froide et impersonnelle, pas aidée par des graphismes assez laids.

Subsiste quelques bonnes idées et la satisfaction de voir un film d'animation français sortant un minimum des sentiers battus mais c'est malheureusement trop peu pour rendre cette adaptation un tant soit peu attractive dont le véritable mérite est de m'avoir donné envie de lire le bouquin de Teulé.