Saint-Clar, Bob Saint-Clar !

Après Cartouche, L'Homme de Rio & Les Tribulations d'un Chinois en Chine, le cinéaste Philippe de Broca (L'Amant de cinq jours, Vipère au poing) retrouve dans un double rôle en 1973 sa star Jean-Paul Belmondo (Un nommé La Rocca, Un homme et son chien) dans une comédie jubilatoire qui est peut-être leur plus belle réussite, Le Magnifique. Ils tourneront ensemble au total à six reprises, viendront ensuite L'Incorrigible & Amazone. Coécrit par de Broca & Francis Veber avec l'aide finale des scénaristes-docteur Jean-Paul Rappeneau et Daniel Boulanger suite à la brouille entre les deux cinéastes personne ne sera mentionné au générique de l'œuvre ! Un modeste écrivain de romans d'espionnage trop timide se venge de son triste quotidien en s'imaginant sous les traits du célèbre agent secret, Bob Saint-Clar, qui possède la séduction et le courage qu'il n'a pas, et transforme même les gens de son quotidien en héros de roman. Produit par le duo Alexandre Mnouchkine & Georges Dancigers via leur société de production, Les Films Ariane, cette parodie hilarante des films d'espionnage et surtout de l'univers de James Bond, amène plus de 2,8 millions de spectateurs en salle éblouis par un Bébel dans une forme olympique sous la musique de Mariachis du compositeur Claude Bolling.
Au casting de roman d'espionnage, la chaude actrice britannique à mini-jupe, Jacqueline Bisset (Bullitt, L'Amant double), Vittorio Caprioli (Zazie dans le métro, La Tragédie d'un homme ridicule), Monique Tarbès (L'Or du duc, Le téléphone sonne toujours deux fois), Raymond Gérôme (Le Cerveau, Sade), Jean Lefebvre (Le Gentleman d'Epsom, La Folle Journée ou le Mariage de Figaro), Mario David (Un nommé La Rocca, L'Enfer), Hubert Deschamps (Le Feu follet, L'Inconnu dans la maison) et l'apparition de Philippe de Broca.

Vous plaisez aux femmes ?

Je ne sais pas.

Menteur.

Devant sa machine à écrire, François Merlin laisse déborder son imagination... Au Mexique, un agent secret téléphone d'une cabine publique quand une grue l'emporte et le jette dans l'océan où il sert de pâture aux requins. Tel est le début de la nouvelle aventure de Bob Saint-Clar, héros du romancier François Merlin. Après la mort de l'agent Rodriguez, le colonel Collins, des services secrets américains, et son homologue français, Pontaubert, décident de confier la mission inachevée au célèbre Bob Saint-Clar. Après avoir neutralisé, avec une rapidité foudroyante, une horde de terroristes dès son arrivée à Paris, Saint-Clar s'envole pour le Mexique où il a rendez-vous avec sa collègue Tatiana... C'est le moment que choisit Madame Berger, la bonne, pour venir tirer de sa rêverie littéraire François Merlin, l'auteur des aventures confidentielles de l'agent Bob Saint-Clar, qui occupe un appartement toujours en désordre. François laisse la place à sa femme de ménage et rend visite à son éditeur, Charron, à qui il demande une avance pour pouvoir s'acheter une machine à écrire neuve. Mais cette avance lui est refusée. François se remet à l'ouvrage tout en cherchant à établir le contact avec Christine, sa voisine, que son imaginaire débordant a transformé en Tatiana...

Excusez moi je n'entends rien du tout. Vos gueules, bon Dieu !

Quatrième collaboration entre les deux amis Belmondo & de Broca, huit ans après Les Tribulations d’un chinois en Chine. Cette comédie délirante et hilarante sera leur troisième plus gros succès au box-office après L’Homme de Rio et Cartouche mais il reste le champion des rediffusions télévisuelles depuis plus de quatre décennies ! Jouant magnifiquement sur la distorsion entre le réel et l’imaginaire ; Encore le R qui déconne ! Philippe de Broca nous offre un réjouissant film culte, qui comporte en outre une excellente galerie de seconds rôles, un vrai pastiche des Bond, OSS et autres agents secrets en vogue à l’époque sans oublier peut-être Lord Brett Sinclair.
Portée par un Bébel Auteur/Espion survolté tout en gestuelles, excellent dans l'auto-parodie avec son sens inné de la répartie et des gags qui font mouche ou peu à peu, le héros fantasmé finit par dévorer son créateur ou l'inverse. Assurément une des meilleures comédies françaises de tous les temps.

En 1996, le cinéaste hong-kongais Ching Siu-tung réalise Dr Wai avec Jet Li en deux versions (version Internationale & la version Hongkongaise), la version internationale, récit d'aventures dans la droite lignée de la série Indiana Jones, se contente de narrer les aventures d'un archéologue à la recherche d'un parchemin magique aux pouvoirs terrifiants.
Le second montage, réservé à Hong Kong est à la fois plus audacieux et complexe, mais aussi mois efficace. Comme Le Magnifique, les aventures de Jet Li y sont entrecoupées de séquences contemporaines où un écrivain en pleine procédure de divorce, est obligé de pondre contre son gré une centaine de pages de la série Dr Wai. Incarnant à la fois l'écrivain et son héros, Jet Li se retrouve donc au centre d'un récit qui fait alterner les séquences réalistes contemporaines et le roman d'aventures. Les deux récits s'interpénètrent et s'influencent mutuellement pour finalement se rejoindre dans l'histoire d'amour qui lie l'écrivain à son épouse, transformée dans le roman en espionne japonaise.

Un piètre remake français sera quant à lui réaliser en 1998 par le cinéaste Marc Angelo, un téléfilm intitulé Bob Le Magnifique avec en vedette dans le rôle-titre, Antoine De Caunes en François Morin / Bob Saint-Clar, et Clotilde Courau dans le rôle de Christine.

À nous deux, Karpof.