Le trio Aurenche, Bost, Autant-Lara avait déjà commis, quatre ans auparavant, l'adaptation médiocre de "La jument verte", peinture triviale de la ruralité, d'après Marcel Aymé. Les trois récidivent ici dans une comédie insignifiante et grotesque dont on ne comprend même pas ce qui a pu provoquer leur intérêt.
L'épicière et bistrotière Josefa passe pour avoir hériter d'un magot. Son fils lui envoie son camarade de bohème, le compositeur sans succès Pierre Corneille (si, si) joué par Bourvil, pour lui soutirer frauduleusement de l'argent.
Après un préambule qui ne laisse rien présager de bon de la part de Claude Autant-Lara, Bourvil met les pieds dans un village représentatif d'une médiocrité qui n'est pas tant celle de la campagne que de l'écriture du film. La franchouillardise, avec accent du terroir et petits coups de gnôle, est caricaturale et introduit une truculence que les auteurs croient sans doute drôle ou grinçante. C'est juste stupide.
Quand apparait Anna Magnani, on touche le fond. Mal dirigée dans son rôle de femme de caractère toujours en colère, la comédienne surjoue et cabotine jusqu'à exaspérer. On en est gêné pour elle. Ses algarades avec le maire et ancien amant Pierre Brasseur sont affligeantes. Bourvil, lui, compose un rôle sans matière et très pauvre sur un plan humoristique. L'intrigue est indigente, à l'image de la relation que nouent Josefa et Pierre; elle est soporifique malgré les coups de gueule des uns et des autres à l'intérieur ou devant le bistrot, lieu incontournable de la "comédie".
Je ne sais pas si le regard posé sur la campagne et ses habitants est méprisant; il est en tout cas très maladroit et sot.