"Voudriez-vous me faire l'honneur de m'enseigner ?" BAM !!

On a tendance à penser que le pur film de Kung Fu à l'ancienne est mort en 1994 après le très bon Tai Chi Master et les excellents Fist of Legend et Drunken Master 2. Et pourtant... en 2006 sortait Fearless, mis en scène par Ronny Yu, réalisateur de Freddy vs Jason dont on préférera ne retenir que les réalisations asiatiques (malgré un potentiel prometteur en tant que pondeur de bons nanars pour Hollywood).

Fearless est une petite perle inespérée, arrivant là, dans une époque où l'occident s'est déjà lobotomisé à Matrix et Kill Bill, pour mettre de nouveau en avant Yuen Woo-Ping pour un film hong-kongais cette fois, et rappeler que le génie de la chorégraphie martiale n'est jamais aussi excellent que lorsqu'il fait tournoyer un asiatique en tenue traditionnelle, la natte au vent. Et particulièrement là, alors qu'il retrouve Jet Li qu'il a déjà dirigé sur les deux premiers "Il était une fois en Chine" de Tsui Hark, ou l'acteur était déjà en tenue traditionnelle la natte au vent, et sur Fist of Legend, reprise très libre, et donc très éloignée de La Fureur de Vaincre, et pouvant heureusement se prendre comme oeuvre à part entière, permettant ainsi de profiter d'un film superbement mené.

Fearless excelle tant dans son image que dans la beauté de ses combats, chorégraphiés avec une minutie et une limpidité virtuoses, enchaînant les situations pour se faire succéder les tentatives d'images et d’acrobaties pour incroyablement ne jamais échouer artistiquement.

Mais Fearless ce n'est pas que ça. Étrangement, nous ne retrouvons pas l'éternel et mythique (voir sempiternel) archétype du héros pratiquant d'art martiaux, médecin calme et serein, Maître de Dojo respectueux des traditions et de l'honneur, gamin espiègle et téméraire entamant un parcours initiatique pour devenir un homme, homme démuni et martyrisé en quête de vengeance... Non. Ici, Huo Yuanjia est un homme bon, en apparence, mais insouciant. Il est maître en arts martiaux et champion invaincu. Ce sont des déceptions lors de sa jeunesse qui l'ont forgé ainsi, s’entraînant sans retenue pour éviter sa peur de ne rester qu'un "faible". Un tel personnage présente en général une grande sagesse et une réserve placide désarmante. Pas lui. Il aime se battre, il aime le combat et ira jusqu'à mettre sa famille en danger par provocation. Et c'est en perdant tout qu'il s'exile et entame sa marche vers cette sagesse qui lui manquait cruellement.

Un film beau dans tous les sens du terme, aux valeurs artistiques exceptionnelles touchant presque du poing les bons films de Kung Fu d'antan, et offrant pour la dernière fois en date un rôle à sa mesure pour Jet Li, faisant preuve ici peut être plus que jamais d'un jeu d'acteur extrêmement convaincant.

Un regret énorme toutes fois. Ce film, nous le connaissons dans nos contrées amputé de prés de 40 minutes après un remontage presque agressif sur l'oeuvre originale, une fois encore victime d'un certain manque de respect lors de sa distribution mondiale, la version "director's cut" restant désespérément très difficile à trouver.

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le 20 janv. 2013

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zombiraptor

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