Grande leçon de morale pour adultes, jubilatoire...
Dans son avant-dernier film muet Dreyer se livre à la comédie de moeurs intelligente dans ce Maître du logis tout bonnement jubilatoire ! Les acteurs y sont excellent, notamment la vielle Mathilde Nielsen qui campe diablement bien cette vieille femme bourrue et malicieuse qui se révèle des plus attachante...mais au final les personnages qui composent cette famille sont tous attachants tant leurs rapports transpirent la réalité à travers la caméra de Dreyer. C'est éclatant de réalisme sans jamais verser dans la froideur clinique du documentaire, la virtuosité du futur grand maître danois et le succulent jeu des acteurs enrobant le tout d'un charme et d'un humour peu démonstratif et d'autant plus efficace. Dreyer est habile dans sa façon de nous montrer des situations qui existent et ont existé, d'où cette veine qui flirte avec le naturalisme de Zola mais dépoussiéré de sa pesanteur, sans rien exagérer et pourtant, lors du premier quart d'heure du film, on se dit en voyant le tyrannique père : "non mais what the...mais c'est quoi ce mec ????" avec un sourire en coin. Et pourtant...je connais quelqu'un qui as fait l'expérience personnelle d'un père comme ça, et oui cela flirte avec la méchante simplicité désarmante qui nous est présenté ici. Le film s'étoffe ensuite d'un savoureux chemin de croix pour John, qui révèle à une échelle légère et truculente cette faculté qu'à Dreyer de nous faire ressentir la lumière qui est dans l'âme humaine et à laquelle on peut accéder au prix de multiples efforts qui nous dépassent