Alors certes, le thème peut laisser un peu pantois. Cependant, si le personnage masculin écope du mauvais rôle, le personnage de la vieille castratrice en a un du même acabit. Et surtout, cet ensemble de personnages caricaturaux réussi à être dépeint finement par Dreyer.
Parce que le personnage masculin n'est perçu comme mauvais que parce que nous ne le regardons pas: pendant tout la première partie du film, ce dernier est éclairé de sorte à avoir un visage à la peau blanche brillante lui donnant un vague air de Dracula. Tandis que son épouse elle est éclairée finement, laissant ainsi transparaitre toute la subtilité de ses regards attendris envers son mari tyrannique et ses enfants. C'est encore plus vrai pour la vieille dame, rôle complexe entre tyran et bonté, personnage autant nuancé moralement grâce aux gros plans sur son visage rythmant le film. Et Dreyer a toujours eu un génie pour filmer les visages, et encore plus de génie pour filmer les personnes âgées.
Parce que, même dans cette histoire douteuse, le génie de Dreyer demeure. Les visages expriment toute l'intensité des sentiments dans une grande sobriété du jeu d'acteur, à l'inverse des films expressionnistes par exemple, ce qui transporte le spectateur du rire face à quelques situations cocasses bien mises en scène, à surtout une émotion pure devant cette captation si fine des états d'âme humains.
Alors certes, le film souffre de quelques longueurs, certes certaines lignes de dialogues en lien avec le sujet de l'émancipation de la femme sont maladroites... Mais Dreyer n'aspire pas à filmer un plaidoyer pour la liberté des femmes, mais bien à filmer les classes moyennes pauvres, dans leur maison un brin dégarnie, et de faire tenir un drame familial bouleversant au sein d'une cellule familiale.
Et il y parvient, cela va sans dire.