Ouvrir les yeux pour nous éloigner du Mal

Alors certes, le thème peut laisser un peu pantois. Cependant, si le personnage masculin écope du mauvais rôle, le personnage de la vieille castratrice en a un du même acabit. Et surtout, cet ensemble de personnages caricaturaux réussi à être dépeint finement par Dreyer.


Parce que le personnage masculin n'est perçu comme mauvais que parce que nous ne le regardons pas: pendant tout la première partie du film, ce dernier est éclairé de sorte à avoir un visage à la peau blanche brillante lui donnant un vague air de Dracula. Tandis que son épouse elle est éclairée finement, laissant ainsi transparaitre toute la subtilité de ses regards attendris envers son mari tyrannique et ses enfants. C'est encore plus vrai pour la vieille dame, rôle complexe entre tyran et bonté, personnage autant nuancé moralement grâce aux gros plans sur son visage rythmant le film. Et Dreyer a toujours eu un génie pour filmer les visages, et encore plus de génie pour filmer les personnes âgées.


Parce que, même dans cette histoire douteuse, le génie de Dreyer demeure. Les visages expriment toute l'intensité des sentiments dans une grande sobriété du jeu d'acteur, à l'inverse des films expressionnistes par exemple, ce qui transporte le spectateur du rire face à quelques situations cocasses bien mises en scène, à surtout une émotion pure devant cette captation si fine des états d'âme humains.


Alors certes, le film souffre de quelques longueurs, certes certaines lignes de dialogues en lien avec le sujet de l'émancipation de la femme sont maladroites... Mais Dreyer n'aspire pas à filmer un plaidoyer pour la liberté des femmes, mais bien à filmer les classes moyennes pauvres, dans leur maison un brin dégarnie, et de faire tenir un drame familial bouleversant au sein d'une cellule familiale.


Et il y parvient, cela va sans dire.

W_Wenders
7
Écrit par

Créée

le 25 juin 2015

Critique lue 374 fois

4 j'aime

W_Wenders

Écrit par

Critique lue 374 fois

4

D'autres avis sur Le Maître du logis

Le Maître du logis
W_Wenders
7

Ouvrir les yeux pour nous éloigner du Mal

Alors certes, le thème peut laisser un peu pantois. Cependant, si le personnage masculin écope du mauvais rôle, le personnage de la vieille castratrice en a un du même acabit. Et surtout, cet...

le 25 juin 2015

4 j'aime

Le Maître du logis
SylentWolf
8

Grande leçon de morale pour adultes, jubilatoire...

Dans son avant-dernier film muet Dreyer se livre à la comédie de moeurs intelligente dans ce Maître du logis tout bonnement jubilatoire ! Les acteurs y sont excellent, notamment la vielle Mathilde...

le 24 mai 2014

4 j'aime

Le Maître du logis
JanosValuska
8

La chute d’un tyran.

C’est magnifique. Que l’on puisse écrire un récit pareil en 1925 me choque, déjà. C’est surtout son portrait de couple qui est intéressant, travaillé, nuancé, la place qu’il offre dans le cadre à la...

le 17 mai 2015

2 j'aime

Du même critique

Primer
W_Wenders
4

Il faut faire primer l'ennui

Bon le voyage dans le temps c'est un thème que je trouve chiant à la base. Des gugus qui remontent le temps 27 fois et qui entrainent 4 paradoxes temporels à la minute, c'est vite chiant. Et ce film,...

le 2 nov. 2014

14 j'aime

1

Sans soleil
W_Wenders
9

La Poétique

En introduction à Sans Soleil, Marker dit que le Japon de l'époque Heian a inventé une nouvelle forme de poésie, jouant, non pas sur la beauté de l'image, mais sur l'existence de l'image elle même...

le 20 déc. 2014

9 j'aime

2

Adieu Philippine
W_Wenders
9

Le temps d'avant les chinois

Au début, c'est innocent, on a ce jeune qui démarre sur les plateaux télés à une époque ou le cinéma commence à se libérer. On a ces deux jeunes filles, belles, gloussant en permanence, qui se...

le 19 févr. 2015

5 j'aime