C’est magnifique. Que l’on puisse écrire un récit pareil en 1925 me choque, déjà. C’est surtout son portrait de couple qui est intéressant, travaillé, nuancé, la place qu’il offre dans le cadre à la femme, à l’homme, aux enfants, je suis sidéré que l’on ait fait ça avec autant de lucidité il y a 90 ans mais c’est peut-être moi et mes à priori, ou c’est parce que c’est danois. Disons que pour avoir vu Populaire la veille, dont le récit se déroule fin des années 50, j’ai vraiment l’impression que Dreyer était hors du temps, hors du présent. Enfin quoiqu’il en soit je trouve ça inouï de réalisme dans la représentation de la vie conjugale. Je suis d’autant plus bluffé que tout jusqu’ici de Dreyer m’avait relativement indifféré. Et qu’on le mette en scène de cette manière là sans jamais tomber dans le piège théâtral alors que le film se passe à 99% en intérieur relève du génie. Sinon la copie était splendide mais la bande son à chier, j’ai donc accompagné tout ça par le disque Centralia de Mountains et ça le faisait grave.