Aube d’orée
Revigorante rupture que celle opérée par Ryusuke Hamaguchi : après des films volontiers verbeux et littéraires, explorant les complexes oscillations des rapports humains et amoureux, Le Mal n’existe...
le 14 avr. 2024
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L'exceptionnelle réussite de Drive My Car et le passionnant Contes du Hasard ont placé Hamaguchi très haut dans ma liste personnelle de cinéastes à suivre. Du coup, par rapport à mon niveau d'attente vis à vis de ce nouveau film, qui plus est primé à Venise, Le mal n'existe pas a constitué pour moi une légère déception... qui ne remet pas en cause néanmoins l'admiration ressentie vis à vis d'une démarche aussi ambitieuse que la sienne, et aussi, admettons-le, vis à vis de l'intelligence subtile de sa mise en scène.
Vraie / fausse démonstration écologique autour d'un ruissellement (d'eaux usées) bien plus réel que celui promis par les adeptes du néo-libéralisme, Le mal n'existe pas est un film qui désoriente par son hétérogénéité, autant que par sa dernière partie, à la fois magnifique, puissante, et... peu claire.
Même si chacune des trois parties du film atteste de l'immense talent de Hamaguchi, il n'est pas facile de passer d'une patiente observation des interactions de Takumi et Hana (père et fille) avec la nature intacte de la région montagneuse et forestière où ils habitent, à une observation fine, mi engagée, mi distanciée, d'une confrontation entre villageois désireux de protéger leur environnement et les représentants d'une agence de promotion pour l'installation d'un "glamping" chez eux : ce grand écart est sans doute trop exiger du spectateur lambda (que je suis), mais témoigne surtout de ce que l'introduction du film provient d'un court projet musical sur lequel Hamaguchi a décidé de construire.
Le plus saisissant est néanmoins la troisième partie du film, sorte de thriller existentiel où tout ce dont nous avons été témoin lors de la première demi-heure du film nourrit une fiction assez inattendue... Avant une plongée angoissante qui subvertit tout ce que nous avions compris et accepté des personnalités comme des rôles de chacun. Les derniers plans du film ont-ils un sens symbolique puisqu'ils n'en font guère (de sens) au premier degré, par rapport à une logique "traditionnelle" ? Chacun aura sa petite opinion là-dessus, et de cette opinion dépendra certainement l'appréciation ou non de ce Le mal n'existe pas.
[Critique écrite en 2024]
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Créée
le 17 avr. 2024
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