Au revoir les enfants

Si le mauvais goût du masqué n'est plus à prouver ici, il reste encore malgré tout des choses qui lui échappent sur le site.

Parmi elles, la piteuse moyenne ramassée par ce Mangeur d'Ames.

Oui, certains défauts sont évidents, comme une interprétation parfois un peu perfectible, ou encore une dernière ligne droite précipitée.

Mais aller jusqu'à parler de téléfilm de service public aura au moins le mérite de démontrer que certains n'en ont pas vu depuis un sacré bail, de téléfilms du terroir proposés par le service public...

Il est évident que Le Mangeur d'Ames veut s'inscrire dans les pas des Rivières Pourpres de Mathieu Kassovitz, sans pour autant avoir obtenu les mêmes moyens financiers. Mais cette limitation substantielle ne saurait barrer la route à l'envie de genre et à la volonté du duo de réalisateurs de bien faire les choses.

En s'inscrivant tout d'abord dans une ambiance sourde et funeste, qui pourra rappeler, par exemple, Cette Femme-Là de Guillaume Nicloux, dans un monde rural en déclin et qui se parera, à l'occasion, d'une pointe de visions fantastiques pour présenter son croque-mitaine.

En mettant en images, ensuite, en forme de ponctuation, une violence démonstrative mais qui ne va jamais vers l'excès en éclipsant l'aspect enquête de l'affaire ni l'atmosphère oppressante des lieux. Même à l'occasion de cette effusion centrale aux limites de l'hallucination collective.

Mais le plus intéressant, sans doute, c'est la quête de ces enfants disparus en forme de traumas, qui ébranlera la tranquillité d'apparence de cette campagne vosgienne. Qui mènera ensuite le duo d'enquêteurs, archi influencé par la méthode Jean-Christophe Grangé, vers un final aux allures de descente aux enfers dont les décors « en dur » servent magnifiquement le film. Un final qui sera influencé par beaucoup d'éléments du conte merveilleux, mais aussi par une atmosphère des plus glauques, qui aurait pu figurer sans rougir dans un opus de Freddy Krueger.

Cette noirceur ne relâchera jamais son emprise sur le spectateur et corrompra tout sur son passage, comme le psalmodie la légende évoquée à plusieurs reprises, en forme de véritable prophétie, même une âme d'enfant, dont l'innocence sera brisée en plus d'une occasion.

Il faudra rendre justice au Mangeur d'Ames sur ce terrain, où le film ira jusqu'au bout. Au même titre que le duo Bustillo / Maury dans leur envie sincère et jamais prise en défaut d'un cinéma sombre.

Et cela a sans doute suffi aux yeux du masqué à la sortie de sa séance.

Behind_the_Mask, qui porte plutôt bien les cornes.