A bien des égards, Le Mariage de Tuya est intéressant, et en particulier pour ce qu'il dit du parcours de cette femme, de sa position globale, entre tradition et modernité, confort et dureté, au cœur d'une peuplade de nomades perdus dans les steppes arides de la Mongolie chinoise.
Il est question de survie, d'une femme, d'une culture, d'une façon de vivre d'un peuple minoritaire. Wang Quan'an casse (un peu) les préjugés que l'on pourrait avoir sur ce type de région agricole, plutôt pauvre et technologiquement mal lotie, ici la position de l'homme apparaît faible (alcoolique aussi), et bien souvent incapable de faire la charge de travail de la protagoniste.
Le Mariage de Tuya peut à la fois être vu comme une errance au sein d'une région où la vie est compliquée, ainsi que d'une parcours d'une femme forte que Wang Quan'an sublime.
C'est un film d'amour aussi (et surtout), avec un dilemme particulier :
Un renoncement à l'amour pour justement le sauver. Renoncer à son mari handicapé car l'argent manque, sans l'oublier, et surtout en s'assurant que lui garde un confort via un nouveau mariage. C'est dans cette thématique que l'on chevauche le plus entre la tradition et la modernité, notamment lorsque la protagoniste comprend qu'il y a aussi pour elle le besoin d'être touché, aimé, sans pour autant délaisser son mari.
Pour ce genre de chose, c'est mieux si la femme est d'accord
Plusieurs séquences atypiques viennent sublimer le récit, notamment certains rites ancestraux ou de simples moments de vies où elle va peu à peu comprendre ce dont elle a besoin et surtout l'accepter. De beaux paysages viennent aussi s'immiscer dans un récit qui ne manque pas non plus d'émotion, et surtout de vie, et de simplicité, tant dans le fond que la forme.
Avec Le Mariage de Tuya, Wang Quan'an sublime un étonnant et passionnant destin d'une femme face à une région aride en quête de changement, tout en sublimant la Mongolie chinoise et ses superbes steppes.