Sous l’apparence d’une innocente histoire d’amour, Wang Quan An lance un plaidoyer aussi poétique qu’inquiétant en faveur de la Mongolie, province de Chine sur laquelle il a des attaches sentimentales. Il se veut alarmant pour ce peuple en perte de repères, qui conserve le poids de ses coutumes tout en les écornant de plus en plus dans le quotidien. C’est ce qui est remarquable dans ce film. D’un ensemble de petites touches, il conforte son message. A l’image de ces femmes qui, dans uns scène symbolique, soulèvent une remorque donnent l’impression que ce sont elles qui portent à bout de bras le poids des traditions de cette province. Ou encore ces enfants habillés en Adidas ou Nike venant contraster avec les vêtements traditionnels. Il nous délivre un témoignage extraordinaire, avec beaucoup d’humanité et d’authenticité sur une culture méconnue et bigarrée. C’est aussi pour cela que seule sa compagne Yu Nan (prodigieuse) est actrice professionnelle. Les autres sont de vrais habitants du cru, tous aussi spontanés que véridiques. Et bien au delà du discours essentiel, Wang Quan An nous embarque surtout dans une fabuleuse romance à trois cœurs, d’une pureté rassérénante, presque autant que ces merveilleux paysages abrupts et préservés (plus pour longtemps hélas) qui lui servent ici de toile de fond.