Encore un western qui est un petit bijou. C'est un film qui m'avait tapé dans l'oeil lorsque l'ami Eddy l'avait présenté à une "dernière séance" et que j'ai revu avec grand plaisir lorsque je l'ai trouvé en DVD (collection Sidonis).
Réalisé en 1955, c'est un des derniers westerns d'Alan Dwan qui n'est pas loin de clôturer une très longue carrière qui commence dans les années 1910 au temps du muet.
Le scénario ne manque pas de subtilité et tourne autour d'une rencontre entre un joueur professionnel cynique joué par John Payne et d'un cowboy honnête et gentil, tendance naïve, joué par Ronald Reagan.
C'est donc l'histoire d'une improbable amitié où les deux hommes, que rien n'aurait dû rapprocher, ne cesseront de s'entraider ou de se sauver l'un l'autre.
Le joueur professionnel Tennessee n'a jamais eu d'ami puisque sa "profession" le met plutôt en conflit avec les autres joueurs qui se font plumer. Il découvre combien ça peut être agréable d'avoir un ami et surtout de pouvoir lui apporter de l'aide voire même de se sacrifier.
Le cowboy, dont on ne connaîtra pas le vrai nom; puisqu'il se fait appeler "cowboy" est un chercheur d'or sorti de nulle part et qui arrive en ville pour retrouver "une jeune fille" pour se marier.
Il voit Tennessee, qu'il ne connait pas, en grande difficulté avec un tueur qui le braque dans le dos et son sang ne fait qu'un tour, il intervient et sauve Tennessee.
Et lorsque Tennessee rencontre la "promise" de Cowboy, il reconnait la fille comme une fille cupide et intéressée, pas du tout la "jeune fille pure" décrite par Cowboy. Et il n'aura de cesse d'éloigner cette fille malfaisante de son nouvel ami.
Ces deux exemples montrent bien que c'est un film sur l'amitié (virile) entre deux hommes, a priori incompatibles, qui se traduit par des gestes et des comportements et non par des mots. C'est aussi un film sur la volonté de justice, sur la notion de sacrifice pour préserver cette rare amitié.
Bien entendu, je ne vais pas passer sous silence le truc très croquignolesque du film.
Le joueur professionnel joue au poker dans une "maison" tenue par Duchesse jouée par une splendide Rhonda Fleming ... La maison est présentée comme une maison avec des jeunes filles à marier qui sont là pour faire boire et manger (du caviar, s'il vous plait) les hommes de passage moyennant des additions plutôt salées. En termes bien français, on dirait que c'est un bordel tenu par une Madame mais tout est présenté dans les formes compatibles avec le code Hayes...
Evidemment, Rhonda Fleming, charmante mais aimant l'argent (quand même) est la maîtresse du joueur Tennessee.
Il y a des scènes superbement bien tournées par exemple le bain de Rhonda Fleming qu'on voit de dos entrain de nettoyer un pied (nu) mais qui chante une chanson très sensuelle ou encore les parties de poker avec une caméra en plongée qui s'approche, s'éloigne et qui observe les visages des joueurs et des spectateurs.
Ceci m'amène à la mise en scène dont on sent tout le professionnalisme et l'expérience d'un Alan Dwan.
Je vais encore faire mon numéro sur l'imbécillité des deux titres français du film. Le titre original est "Tennessee's Partner" et correspond plutôt bien au sujet du western. Le premier titre français "le bagarreur du Tennessee" ne rime pas à grand chose car le personnage Tennessee ne se bagarre pas souvent et de plus rien ne dit qu'il soit du Tennessee ou si cela est dit, cela n'a aucune importance. Quant au deuxième titre, "le mariage est pour demain" ,il est complètement nunuche voire même à contre-sens.
Si je tenais les distributeurs devant moi, je leur dirais bien de commencer par regarder le film avant d'inventer un titre.
En conclusion,, je confirme bien que ce western est un petit bijou - charmant - que je recommande volontiers de découvrir ou redécouvrir car il en vaut la peine.