Huit, c’est le nombre d’adaptations que Corman a faites des nouvelles de Poe entre 1960 et 1964. Sur les quatre que j’avais vues jusqu’à présent, que du bon. Et sans surprise donc, j’en ajoute une cinquième ! À préciser, je n’ai pas lu la nouvelle originale et il semblerait d’ailleurs qu’elle soit très différente du récit ici conté.


Nous sommes au Moyen Âge, dans une contrée italienne quelconque. Le prince Prospero est un seigneur odieux qui prend plaisir à humilier et torturer les paysans à son service et à faire de grandes fiestas au château avec ses abrutis de vassaux. Pendant ce temps, la Mort Rouge, une étrange épidémie, sévit.


Il y a toute l’ingéniosité de Corman dans ce film. Il n’y a qu’à voir cette première séquence, absolument magnifique. Dans ce décor de studio, un paysage de forêt morte, une vieille femme ramasse du petit bois. La scène est presque en noir et blanc. Elle croise un personnage étrange, rouge vif. Il lui lit l’avenir. Par un jeu de filtres, la couleur change. L’ambiance est irréelle. C’est de toute beauté. Pa la suite, on reconnaîtra les décors et les acteurs des précédentes adaptations de Poe. Corman est toujours le bon candidat quand il faut produire à pas cher. Fidèle, il embauche encore une fois Vincent Price et celui-ci porte toujours le film, cette fois par son personnage de prince sataniste. On appréciera également les nombreux jeux sur les couleurs, le contraste entre les pièces du château pas exemple. On trouvera çà et là quelques scènes bien barrées qui rappelleront le Mario Bava de la grande époque, de la même époque en fait. Au-delà du travail esthétique, on s’amusera de la manière dont Corman présente le pouvoir et ses laquais quand il les fait ramper pour amuser la galerie. Les vassaux sont tournés en ridicule et c’est à la fois parfaitement malaisant et tout à fait frais !


En bref, que du bon dans ce Corman une fois de plus ! Très fortement conseillé donc !


>>> La scène qu’on retiendra ? L’embarras du choix ! Allez, l’avant-dernière, quand la Mort Rouge se déchaîne dans la salle de bal. Dans mouvements amples, de l’emphase, un Price en transe, n’en jetez plus !

Konika0
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le 3 mai 2024

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