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Quand il se lance dans sa véritable première réalisation (après avoir joué les urgentistes sur trois autres films), Mario Bava porte son choix sur le film d’épouvante. La Hammer vient alors de produire plusieurs succès qui montre qu’un filon est à exploiter. Plutôt que de choisir la couleur comme lui suggère son producteur, Mario Bava préfère le noir et blanc afin de pouvoir soigner certains effets visuels et de construire une atmosphère encore plus étrange. Le pari est audacieux et la réussite au rendez-vous. Convoquant tous les thèmes du film gothique, le réalisateur italien signe un classique qui influencera le cinéma de genre italien autant que son cousin britannique. Tout n’y pourtant pas parfait, loin de là. Le scénario est parfois confus et les personnages qui entendent mener à bien leur vengeance sont aussi bien des sorcières, des vampires que des entités démoniaques qui entretiennent un certain flou. Par conséquent, ployant parfois sous le nombre de multiples influences, le récit peine à trouver sa propre cohésion.


Le génie de Mario Bava se retrouve, en tout cas, dans sa capacité à créer une atmosphère inimitable et pourtant souvent imitée. Vent qui bruisse dans les arbres, portes qui grincent, hurlements d’animaux inconnus, cimetières glauques, revenants, sorcières, crypte, chiens inquiétants, taverne baroque, il aligne ici tous les tics qui feront la réussite du genre même si, bien évidemment, tout peut paraître excessivement cliché au XXIe siècle. S’il reprend certains éléments déjà entrevus dans les films de la Hammer et de la Universal, il va encore plus loin dans la vision poétique de l’horreur, le curseur de la violence étant notamment poussé assez loin pour l’époque. Mais plus encore c’est l’onirisme de son univers qui frappe avec son usage si particulier de la photo et des personnages qui peuplent son film. Le visage de Barbara Steele, incarnation à la fois du Bien et du Mal dans un double rôle, est ainsi un élément graphique certainement encore plus importante que l’actrice elle-même. La qualité des effets spéciaux joue également un grand rôle dans la réussite visuelle de l’ensemble.

Volontairement hors du temps par ses choix esthétiques, le film conserve un aspect effrayant. On comprend qu’il ait influencé et marqué toute une génération de cinéastes, Tim Burton évidemment en tête. Si le récit demeure faible, notamment la dimension romantique et romanesque qui lie les différents personnages, le résultat marque une date dans l’histoire du cinéma gothique.


Play-It-Again-Seb
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le 9 août 2024

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