Dans le monument valley des films de John Ford, c'est dans un immense nuage de poussière que les hommes vivent, pleurent, se battent et meurent. Ces perpétuelles particules en suspensions rendent les fatigues plus sèches, les blessures plus fatales. Les trahisons sont plus diaphanes et les alliances moins précises. En fait, seul ce qui relie les hommes, l'amour, les liens familiaux, la camaraderie, résiste à cette terre sèche qui colle aux selles et aux bottes.

Car si toutes les passions Fordiennes sont encore présentes dans ce massacre du fort Apache, on aurait bien tort de croire que le bougre aime la violence. Ici comme dans plus des trois quarts de sa production, s'il filme avec génie des cowboys, des militaires et des indiens, et illustre sa version de la tragédie du général Custer (appelé Thursday et déguisé sous les traits d'un Henry Fonda splendide), ce n'est pas pour mettre en valeur le conflit et le combat.

Au contraire, et comme le souligne très justement Serge Bromberg dans son introduction au film, dans tout le cinéma de John Ford "les guerres sont toujours fatales à ceux qui les provoquent".

Et quand retombent les effluves de l’agitation belliciste des hommes (les nuages de poussière, donc), Ford reste visuellement prodigieux : en témoigne cette scène presque finale ou Cochise vient planter le drapeau de l’armée US aux pieds du capitaine York qui a rendu les armes, aussi convaincus l’un et l’autre que le combat était aussi vain qu’évitable, dans un plan fixe évanescent et saisissant.

Créée

le 15 sept. 2012

Modifiée

le 16 sept. 2012

Critique lue 1.4K fois

34 j'aime

2 commentaires

guyness

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

34
2

D'autres avis sur Le Massacre de Fort Apache

Le Massacre de Fort Apache
Torpenn
9

Fort en gueules

1947, John Ford commence son cycle de la cavalerie, il produit avec Merian C. Cooper et leur nouvelle compagnie de production, et commence sa fructueuse collaboration avec son gendre Frank S. Nugent...

le 28 févr. 2012

44 j'aime

10

Le Massacre de Fort Apache
guyness
8

Dans un nuage de poussière

Dans le monument valley des films de John Ford, c'est dans un immense nuage de poussière que les hommes vivent, pleurent, se battent et meurent. Ces perpétuelles particules en suspensions rendent les...

le 15 sept. 2012

34 j'aime

2

Le Massacre de Fort Apache
SanFelice
7

Custer façon Ford

Quand on pense à John Ford, on a tendance à croire que ses westerns sont classiques et que les grands réformateurs du genre viendront par la suite. Mais les films de Ford sont totalement...

le 1 sept. 2011

28 j'aime

Du même critique

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

343 j'aime

51

Les 8 Salopards
guyness
9

Classe de neige

Il n'est finalement pas étonnant que Tarantino ait demandé aux salles qui souhaitent diffuser son dernier film en avant-première des conditions que ses détracteurs pourraient considérer comme...

le 31 déc. 2015

318 j'aime

43

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

299 j'aime

141