Il m'arrive d'être surpris en voyant la réputation de certains films dans les contrées sens-critiquiennes. Je me rappelle de ces spaghettis pas cuits, difficilement digérés un jour de juillet.
Le Massacre de Fort Apache est l'illustration parfaite du film surcoté. Son principal problème, c'est son scénario.
C'est simple : l'intrigue passe totalement au second plan pendant les trois quarts du film, avant de revenir au premier plan et de sauver l'ensemble de la médiocrité. Si ce long-métrage sortait aujourd'hui, avec une mise à jour niveau effets spéciaux et tout, mais en conservant la même histoire, ça serait un bide absolu. Parce que Le Massacre de Fort Apache, c'est du remplissage. Du remplissage et encore du remplissage, qui ne sert à RIEN dans l'intrigue et ne fait pas avancer l'histoire.
Prenons la romance entre Philadelphia Thursday et Michael O'Rourke : ça ne sert à rien. C'est mis là juste parce que le réalisateur voulait placer une romance.
La traduction du titre est trompeuse, parce qu'on s'attend à ce que l'accent soit mis sur l'affrontement contre les Apaches... En réalité, le film va nous bassiner avec la vie quotidienne à Fort Apache pendant pas mal de temps. Et puis franchement, est-ce que Fort Apache ressemble à un fort ?
Quand je pense à un fort aux États-Unis à cette époque, je pense à quelque chose comme ça.
Un fort doit avoir un minimum de fortifications, au moins une palissade. Là, il n'y a absolument rien qui montre que c'est un fort. Au mieux, une sorte de caserne, au pire, une colo de soldats.
Les premières minutes sont pas trop mal, puis après l'arrivée du lieutenant-colonel Owen Thursday (Henry Fonda) à Fort Apache, il ne se passe quasiment plus rien. Il faut attendre le tiers du film avant que l'intrigue soit amorcée. Les personnages ont peu de relief, on a l'impression qu'ils vivent tous dans le monde des bisounours. John Wayne, qui joue le capitaine Kirby York, ne se distingue pas parmi la multitude de personnages secondaires interchangeables. Seul Henry Fonda, avec son rude caractère, créé des difficultés aux autres.
Et puis il faudrait ajouter le tag « musical » à celui de western, parce que ça chante, mais alors pire que dans un Disney ! À un moment, plusieurs sortent de la maison et un type qu'on n’avait pas vu avant se met à chanter : je me suis soudain imaginé qu'il prenait une balle en travers de la gorge et qu'un geyser de sang s'en échappait, ç'aurait été poilant ! Mais non, dommage.
À part quelques passages, comme celui de la rencontre avec le vendeur d'alcool, Le Massacre de Fort Apache est franchement mauvais pendant les trois quarts du film. Heureusement, la fin sauve les meubles. John Wayne se réveille, Henry Fonda joue à fond son rôle et la tragédie se met en route. Pour info, ce film est fortement inspiré de la bataille de Little Bighorn, où un régiment de cavalerie se fit écraser par les Sioux. On peut vraiment regretter les choix de John Ford, parce qu'avec un format plus court (1h30) et en mettant l'accent sur l'intrigue, ça aurait pu donner un très bon western.
Au lieu de ça, on nous montre plein de trucs inutiles et l'on saborde les passages intéressants, comme les négociations avec Cochise. Seul le dernier, avec Owen Thursday qui laisse éclater toute sa haine et son mépris des Apaches, est bien porté à l'écran. Le film ne tombe pas dans le piège du manichéisme, et dénonce le racisme envers les Amérindiens.
Reste qu'il est toujours agréable de voir les Amerlocs se prendre une raclée par les Peaux-Rouges.