Y a-t-il un Hippie pour sauver le Monde ?
J'y croyais pas trop et pourtant le film s'avère être une belle petite surprise.
On retrouve ici le bon vieux zombie mou du gland, celui qui marche en grommelant à tout bout de champ, celui qui rattrape toujours sa victime quand on s'y attend le moins, celui qui n'est vraiment efficace que par surprise ou en groupe. Et des zombies, ici, il n'y en a pas beaucoup. Parce que l'autre bonne nouvelle, c'est qu'on assiste qu'aux débuts de l'invasions à l'instar d'un "Night of the living dead". Et l'intelligence ultime du récit, c'est que personne n'y croit à ces zombies, par conséquent, lorsqu'on retrouve des cadavres mutilés, on pense juste à des tarés (deux hippies - c'est d'époque) capables d'oeuvrer de la sorte. C'est assez bien écrit, on y croit. Le zombie sert ici un autre propos que celui de Romero : le monde moderne se fout en l'air lui-même avec ses propres inventions dont la dernière en date consiste à éloigner tous les insectes nuisibles pour la récolte des fermiers du coin. C'est déjà le genre d'idée capable de flinguer l'humanité sans qu'il y ait de zombies, héhé. D'autres qualités : de bonnes mises en situation, des lieux qui changent de ce que l'on voit habituellement (on n'est pas sur île paradisiaque, ni dans un centre commercial) et de bons dialogues teintés d'humour.
La mise en scène est très soignée, ce qui est rare pour l'époque en ce qui concerne ce genre : par moment, j'avais l'impression de regarder un giallo tant la photographie est léchée ; de beaux plans, des chouettes mouvements (parfois ça rappelle même du Hitchcock) et de bons acteurs. Les effets spéciaux sont bien aussi. Et puis surtout ce bon vieux zombie qui fait du 2 à l'heure. Bon sang qu'est-ce que c'est bon ce genre de zombie. Cette lenteur anormale, défiant toute logique, qui semble annoncer une mort inéluctable ; le zombie qui marche, c'est aussi, selon mon interprétation toute personnelle, contraire au pouvoir du cinéma : le cinéma c'est le mouvement au travers de l'espace, le zombie, c'est le contestataire, celui qui semble refuser ce mouvement, qui s'accapare l'attention de toutes les caméra pour montrer un déplacement quasi nul. C'est ça la force du zombie, la force de la contestation. Logique, par conséquent, de l'exploiter pour défendre ses convictions contre une société de consommation ou une société industrielle.
Bref, "Non si deve profanare il sonno dei morti" est un film de zombies bien sympathique, servi par un bon scénario et une bonne mise en scène.