Le matelot 512 part d'une histoire vraie, celle racontée par un monsieur de 90 ans à René Allio.
Un jeune matelot monte les échelons de la marine, séduit une domestique et lui fait un enfant, puis part sur les mers avec la promesse qu’ils se marieront. Sauf qu'il a une liaison avec la femme de son commandant, qui ne cesse de le harceler pour qu'il quitte sa promise. Tout cela va prendre fin jusqu'à la destruction de son sous-marin au début de la Première guerre mondiale. Accident dont il va en réchapper et poursuivre sa vie sous un autre nom, dans la Légion étrangère.
Comme mon résumé peut le suggérer, le film est d'une grande densité, couvrant plus de 10 ans de vie de ce matelot, nommé 512 à cause de son matricule, et qui est tiraillé entre l'amour adultérin qu'il a, et celle avec la domestique, qui lui a donné un enfant qu'il n'a jamais pu voir à cause de son métier, et qu'il a promis d'épouser.
C'est dommage que le film ne dure que 90 minutes, car si il est très classique dans son déroulement, il porte en lui l'aventure d'une vie, et qui plus est une histoire vraie. Ce matelot est incarné par le jeune Jacques Penot, excellent d'intensité, et qui fait beaucoup penser à Patrick Dewaere dans cette fougue, cette violence rentrée. D'ailleurs, il a arrêté sa carrière à 40 ans, préférant les voiles au cinéma. Il est entouré d'un casting de choix, avec Bruno Crémer incarnant le commandant protecteur, et que le matelot considérera comme un mentor, Dominique Sanda, l'adultérine emportée, et la très belle Laure Duthilleul. Il y a aussi Gérard Meylan, Tchéky Karyo dans un rôle secondaire mais décisif et la voix off de Michel Piccoli, qui cite des passages de la véritable histoire.
Tout cela donne un film attachant, une épopée humaine, dont je regrette tant cette brièveté. On sent les moyens mis à disposition, mais René Allio crée tout de même de forts jolis matte paintings, et des miniatures pour suggérer des sous-marins.
Le film est malheureusement assez rare, mais il est dommage de passer à côté d'une surprise comme celle-là.