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Je ne connais pas bien Mauro Bolognini mais cette plongée dans l'Italie de la fin du 19ème siècle donne sérieusement envie de découvrir un peu plus en détails sa filmographie. Même si le mélodrame n'est jamais très loin, c'est principalement le contexte social qui entoure la relation de Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale qui vaut le détour, capté au creux d'une très belle photographie. Un jeu d'oppositions quasiment constant entre ville et campagne, riches bourgeois et pauvres paysans, l'amour et la famille, hommes et femmes, présent et passé : autant d'antagonismes qui auront raison de leurs sentiments — pourtant déjà compliqués à la base.


Il y a d'un côté Belmondo le mutique, dont le mutisme est sans doute renforcé par la nature de la coproduction, lui le Français au milieu d'une troupe italienne. Son personnage est parfois un peu désagréable dans son retrait permanent, plus proche du non-jeu que de l'intériorisation volontaire : ses accès de colère et ses aléas sentimentaux n'en sont que plus incompréhensibles par moments. Et puis il y a la très jeune Cardinale, d'une incroyable beauté, prostituée dans une maison close, pour qui Belmondo volera son propre oncle et causera sa perte. Son charme rayonne très intensément, au point qu'on pardonne certaines lignes de dialogue complètement stupides (le "j'ai parfois besoin qu'on me montre quelle salope je suis" m'est resté en travers de la gorge).


Les thématiques de l'amour et de la jalousie n'enferment pas le film dans la case exigüe du mélodrame romantique précisément parce que l'envers du décor est placé à une hauteur équivalente : le monde paysan en souffrance y est opposé à celui des notables citadins qui ont une emprise terrible sur le patrimoine et la destinée des plus pauvres à travers le fermage. L'Italie semble alors partagée en deux entités, avec la société passée ancrée dans le travail des champs à la campagne et la société urbaine nourrissant une avidité absolue (la prostitution n'est à ce titre jamais présentée comme source de vice ou d'abjection morale). Ces deux aspects, mélodrame et cadre social, s'enrichissent mutuellement et forment le portrait d'une déchéance double, celle d'un homme dont la famille finira atomisée et celle de la société italienne au tournant du siècle dernier.


http://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Mauvais-Chemin-de-Mauro-Bolognini-1961

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le 13 juil. 2019

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Morrinson

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