A bas les cons
Plutôt pas mal ce Mocky même si on y retrouve les défauts habituels de ses films tournés ces 20 dernières années, on sent bien dans Le Mentor son côté "je-m'en-foutiste" sur la société et un certain...
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le 20 avr. 2015
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Un vieil entrepreneur ruiné est expulsé de sa belle maison et voit ses biens saisis.Devenu SDF,il déploie des trésors d'ingéniosité pour survivre,tout en devenant le maître à penser d'une charmante jeune femme.Jean-Pierre Mocky se lance dans la comédie romantique et le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est pas fait pour ça.Le réalisateur-producteur-scénariste-monteur est ici également acteur principal et aussi distributeur-exploitant puisque son film,en-dehors de quelques festivals,ne sortira qu'au Desperado,ex Action Ecoles, la salle dont il était propriétaire,et ce dans une indifférence générale justifiée au vu de la médiocrité du produit.La catastrophe est patente à tous les niveaux car "Le mentor",visiblement tourné à la va-vite,même si c'est souvent le cas des Mocky,pue le bâclage endémique.Le scénario est stupide,la réalisation aux abonnés absents,le montage surréaliste,et certaines séquences sentent l'improvisation,quand on n'a pas carrément gardé des prises de toute évidence ratées.Quant à la direction d'acteurs,elle relève de l'utopie,tout le monde s'attachant à jouer faux en détachant consciencieusement les syllabes à la manière d'écoliers récitant une poésie.Pour concocter cette bonne soupe de navets,JP a fait appel à ses collaborateurs fidèles,qui ont tous fait du boulot de sagouin,du chef-op Jean-Paul Sergent avec sa célèbre photo qualité camescope au compositeur Vladimir Cosma et sa musique pour orgue de barbarie,en passant par le dialoguiste André Ruellan qui signe les dialogues les plus embarrassants de sa carrière.Sur le fond,c'est totalement foireux aussi,avec un personnage qui a tout loupé,professionnellement et sentimentalement,mais se croit pourtant autorisé à diriger la vie de quelqu'un qui ne lui a rien demandé et à interférer dans ses choix par le biais de manipulations infectes.Car Mocky,qui rêve debout et ne manque pas de prétention,croit que les jeunes n'attendent que ses conseils avisés.Ce qui est évidemment débile parce qu'on ne voit pas une nana d'aujourd'hui,ni même d'hier,se laisser guider par un vieux clodo qui pratique l'escroquerie en permanence.Cependant,la fille du film est convaincue par les manoeuvres de son Deus ex machina,qu'elle trouve horriblement fun.Elle est bien la seule.Pire,après avoir considéré le croulant comme son mentor,elle en fera son ami,pour finir par tomber dans ses bras.C'est cela,oui,on nage dans le vraisemblable.Mocky voulait sans doute se rassurer face à l'âge et se faire croire qu'il pouvait encore emballer des minettes.Parce que ce personnage est évidemment une projection de lui-même,ce type qui a connu des jours meilleurs ressemblant énormément à un certain cinéaste jadis populaire et amateur de chair fraîche qui doit user de combines diverses pour produire et diffuser ses oeuvres,et voit son pouvoir de séduction décliner.Et puis il y a l'autre volet du film,tout aussi catastrophique.Il s'agit d'un catalogue des arnaques les plus usées du monde,si mal filmées et amenées par le personnage qu'on ne comprend absolument pas comment les victimes peuvent se faire avoir.Ca va jusqu'au célèbre café-baskets ou le coup de la mouche qu'on fout dans l'assiette au restaurant,truc qui au cinéma remonte au moins à "On n'est pas des anges,elles non plus" qui date de 1980,s'il n'y a pas eu de précédents.Tout ceci tourne à l'apologie du vol,exercé naturellement au détriment de petits commerçants sans défense et ne roulant pas sur l'or,car ils constituent des cibles plus faciles.On écope au passage du traditionnel couplet anticlérical,Mocky étant manifestement le seul à penser encore que l'Eglise est l'institution puissante et répressive d'autrefois,alors qu'elle n'est plus qu'un repaire de crétins gaucho-mondialistes très semblables finalement au gars Jean-Pierre.Les pauvres répliques de Ruellan sont elles aussi traversées de citations périmées qu'on a entendu partout et ne confèrent absolument pas la dimension "intellectuelle" espérée,genre "l'ennui naquit un jour de l'uniformité" de ce bon vieux Antoine Houdar de la Motte.Car c'est ça que Mocky veut démontrer,le fait qu'il est éternellement supérieur aux autres de par son irrésistible fantaisie.Sa devise pourrait être "avec Mocky,jamais d'ennui",mais ce n'est pas ce qu'on ressent à la vision de ce film pourri.Film encore plus fauché que d'habitude car,contrairement à la plupart des autres bandes de JPM,aucun comédien connu n'est à l'affiche.Il y a juste deux personnages principaux,joués par Mocky et la jeune blonde Solène Hébert,une débutante qui joue comme un sabot mais qui est canon.Il ne faut d'ailleurs pas rater une des dernières scènes du film,lors de laquelle la belle enfant nous gratifie d'un magnifique full frontal qui permet de constater qu'elle ne pratique pas le bronzage intégral.Solène a maintenant acquis de la notoriété vu qu'elle est depuis devenue une des vedettes du feuilleton quotidien de TF1 "Demain nous appartient".Pour le reste,JPM s'attache à truffer son film d'endroits et de personnages insolites,ce qui fonctionne rarement mais aboutit parfois aux seuls bons moments de l'histoire.Par ailleurs,cette production a le mérite de donner du taf à toutes ces silhouettes traditionnelles du cinéma de Mocky,sans lesquelles ses films perdraient leur identité.Voici donc un Jean Abeillé topless,dont on découvre qu'il a des nichons,ce type est vraiment un phénomène à tous les étages,à moins que Mocky ne lui ait collé des prothèses car tout est possible en ce contexte.La superbe Pamela Ravassard est décidément divine dans les rôles de chaudasses,tandis que Christian Chauvaud est équipé d'un déambulateur et Olivier Hémon,qui est là amputé des jambes,se déplace sur une planche à roulettes.Autres permanents des Mocky Delicious Products,Freddy Bournane,Christophe Bier,Michel Stobac,Emmanuel Nakkach,Alain Schlosberg,Noël Simsolo,Raphaël Sheer et le nain Yvon Bernard passent faire leur numéro,tout comme l'assistant réalisateur et assistant monteur Antoine Delelis,ainsi que le régisseur Fabrice Colson.En prime,il y a le journaliste Alain Kruger,autrefois patron de Première,et le géant à tête de chromosome excédent Guillaume Delaunay.
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le 16 mars 2020
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