Beauté de la scène d’ouverture, beauté des décors, beauté du montage, beauté émouvante des plans de L’Odyssée, ce film qui se monte à l’intérieur du fim … Le Mépris est plein de belles choses, à l’évidence. Mais cet ensemble colossal d’idées, d’innovations et d’images — et c’est là mon reproche — ne sert quà dire le vide.
L’insoutenable huis-clos à l’intérieur de l’appartement est certes remarquable dans sa force d’évocation d’un couple qui se déchire, avec ses dialogues sciants qui répètent jusqu’au vertige le néant d’une relation qui du jour au lendemain a cessé d’exister … Mais ce néant précisément me déçoit. Peut-être parce que j’attends autre chose d’une œuvre d’art que de pointer le vide. Comme si Godard cédait à la facilité de produire un effet sur son public en l’exaspérant, plutôt qu’en l’enchantant. « Et maintenant si tu m’aimes, tais-toi », dit Bardot : le spectateur, qui n’en peut plus, à bien envie de retourner le compliment aux acteurs du film.
J’arrivais avec de grandes attentes, j’espérais du neuf, du généreux, de la matière positive pour rêver et entrreprendre, et je trouve une critique à l’acide qui veut proposer son incomplètude et sa vanité comme des qualités intrinsèques.
Le 1/10 n’est pas à la hauteur du film, bien sûr — mais quelle note a jamais prétendu à l’objectivité ? — elle est à la hauteur de ma déception.
On a dit du Mépris qu’il était le chef-d’œuvre de Godard : il y a méprise.