Ce qui est intéressant dans le Mépris, au delà des polémiques qu'il suscite depuis sa sortie en 1963, est que la grille d'analyse de l'Œuvre nous est fourni par Jean Luc Godard lui-même. Par l'épigraphe: "Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs" Godard dévoile toute l'imposture de son film. Contrefaisant la citation tirée de l'article de Michel Mourlet dans les Cahier du Cinéma en l'attribuant à André Bazin et en modifiant intrinsèquement le sens initial. En effet, le texte exact s'avère être: "Le cinéma est un regard qui se substitue au nôtre pour nous donner un monde accordé à nos désirs".
Or par cette double déformation, Jean Luc Godard avertit le spectateur en quête d'interprétation que rien ne vaut l'émotion ressentie durant le temps du visionnage en lui-même. Que finalement, aucune interprétation, aucune forme d'intellectualisation ne rendra justice à son film. Qu'est-ce que le Mépris? Un moment hors du temps et dans le temps. Déjà passé. Ne pouvant se reproduire. C'est le cri de désespoir de tous les malheureux en amour, du bonheur perdu. Qu'importe la psychologie des personnages, la progression du récit ou le message du film. Le Mépris c'est une pause, un moment d'arrêt et une perte. Ce n'est pas un thème qui doit être compris mais vécu.