C'est une des plus célèbres scènes de ménage , ou scènes de rupture, de l'histoire du cinéma. C'est aussi l'une de ses plus complexes...Godard, fidèle à ses idées de trublion, se plait à casser le récit classique par des provocations ou bravades anticonformistes, notamment dans le montage, par des références cinéphiliques ou plus largement artistiques, et par son refus de réalisme psychologique.
Associant au couple que forment Bardot et Piccoli l'histoire mythologique d'Ulysse et de Pénélope, sujets d'un vaste tournage par Fritz Lang himself, Godard déconcerte et reste vague dans ses considérations sur le couple, sur l'amour et le désamour, autant que dans ses idées sur le cinéma.
On sait que le mépris que Camille voue à Paul, le scénariste du film de Lang, résulte des compromissions lâches de Paul auprès du producteur qui l'a embauché (un producteur qui ne parle que l'anglais, autrement dit une autre langage...) mais Godard répugne à analyser ce mépris, préférant à l'analyse psychologique l'apparence et l'expression de la tragédie. Cette intrigue, intégrée dans le discours constant de Godard sur le cinéma, témoigne d'une approche pas toujours simple à appréhender mais le style est personnel, caustique et subjuguant parfois. C'est en tout cas un film qui donne envie d'aimer le cinéma.