Et mes fesses, tu les aimes mes fesses?
Le Mépris c'est un blason, celui de la beauté d'un amour entre un homme et une femme, liés par le temps qui s'écoule entre les plans et dans le cadre. C'est ce plan-séquence de vie dans un appartement, avant que l'italie ne les sépare. Car Le Mépris est un récit d'errance entre le regret et l'espérance, tour à tour lacérés par la désillusion, l'ennui et la tentation.
Et mes fesses, tu les aimes mes fesses? Oui, on lui répond. On aime l'entre-deux, le rouge et le bleu que le blanc, l'innocence sépare. Entre la mort et la passion, Godard nous indique la fin de l'histoire, faisant du Mépris l'écho métadiscursif de Pierrot le Fou, qui finit par se perdre en tentant de s'évader, au bout de la falaise, près de la mer, dans une douce passion mélancolique. Paul n'est pas Ferdinand, mais sa femme est en proie à la même lassitude existentielle, prise entre le remords et l'innocence, victime malgré elle de ce qui la dépasse.
Car le Mépris est un cri du coeur, une déclaration d'amour de Paul à sa femme, de l'image à la femme, de Godard au cinéma, à Fritz Lang et à sa caméra. C'est une déclaration, de la perfection de l'art au laisser-faire, de la culpabilité à l'innocence. Et vice-versa. Le Mépris, c'est l'opportunité de faire un film matérialisée, la reprise, la relecture, c'est la mise en évidence de ce que l'imagination ne voit pas, dans la crudité du cadre, dans son découpage graphique et ses couleurs vives. Parce que le Mépris, c'est ce flegme dérisoire, entre le dédain, la morgue et l'ignorance, l'irrévérence et l'adoration.