Véhémence
Les solitaires ne peuvent pas vivre en ville. Leur place est avec leurs semblables, les animaux dans la forêt. Ils sont imprévisibles, libres, nuisibles. Il ne s'agit pas de fonder une relation sur un mensonge mais de s'assumer en tant qu'être indépendant. Chacun peut trouver sa moitié, du moins il le doit s'il veut vivre en tant qu'Homme. Il n'y a pas d'autre issue, sinon une vie dans un monde hostile, sauvage. The lobster est une dystopie dans un monde livré à ses propres stéréotypes, c'est le récit cynique d'une odyssée personnelle dans un monde inhumain.
Protubérance
Pourquoi chercher à tout prix quelqu'un avec qui on a un point commun ? A défaut de cultiver la différence, les hommes craignent leurs propres idées, ils se distinguent par leurs complexes. Comment échapper à la pression sociale ? En créant un langage propre, intime, qui s'émancipe des conventions, qui berne le groupe ouvertement. Il s'agit de ne pas se laisser enfermer dans un cercle vicieux, de ne pas adopter des comportements absurdes qui mettent en évidence une quête de sens désespérée, presque nonchalante. Pourtant, en proie à ses idéaux, l'homme s'abandonne à une danse ridicule et macabre, celle que lui dicte le corps social pour se donner l'impression d'être libre. L'homme renie sa servitude volontaire en s'avouant vaincu, simplement parce que ses actes sont vains. Son existence n'est pas nécessaire, et ce dont dépend sa volonté est infime.
Exubérance
Non, The Lobster n'est pas si loin. Notre personnage principal, désabusé et nonchalant mais pas désespéré évolue devant nous, juvénile, tantôt redoutable tantôt pitoyable. C'est de la lâcheté des hommes que nous parle ce réalisateur grec, dans un humour antique et décalé. Il met en scène des situations caricaturales, il hyperbole : il nous montre le comble de la cruauté humaine pour nous donner envie de vivre, pour nous ouvrir les yeux. Il s'agit de répondre à ses désirs sans les exprimer, d'être à la fois rebelle et civilisé, pour se fondre dans la masse et s'illusionner, se donner l'impression de ne pas être dupe. Il ne s'agit pas d'être optimiste mais bien réaliste. Comment passer à travers les mailles du filet ? La réponse n'est pas claire, peut-être parce que le réalisateur veut semer le doute, simplement pour nous étonner et laisser place au débat politique.
" Le plus dangereux ennemi que tu puisses rencontrer c’est toi-même; c’est toi-même que tu guettes dans les cavernes et dans les forêts. (...)
Solitaire, tu suis le chemin de l’amant: tu t’aimes toi-même, c’est pourquoi tu te méprises, comme seuls méprisent les amants. "
F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 'des voies du créateur'.
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