Il me fallait revoir "le Mépris", classique célébré de Godard, pour rattraper - ou non - le souvenir d'une première vision désastreuse... Plus de 40 ans après sa sortie, on est ébloui par les intuitions géniales de Godard, et la beauté suprème de certains plans qui s'inscrivent directement dans la mémoire du cinéphile comme dans l'Histoire du Cinéma : Godard filme BB comme personne ne l'aura jamais fait, et dans la lumière de Rome ou de Capri, le résultat est tout simplement éblouissant. Mais c'est bien Piccoli, traversant le film en clone de Godard, chapeau vissé sur la tête, qui immortalise le mieux le désespoir nonchalant des héros "modernes", et restera l'incarnation d'un cinéma libre et sexy qui flamboyait en ce début des années 60. Ceci dit, on ne pourra aujourd'hui que sourire aux aphorismes godardiens sur le cinéma ("le cinémascope, c'est pour filmer les serpents et les enterrements", dit Fritz Lang), et même s'ennuyer légérement dans ce labyrinthe des passions typique de l'oeuvre de Moravia.
[Critique écrite en 2006]