J'ai d'abord adoré ce film, dans toute sa forme et son contenu, et puis l'instant d'après je me suis mis à le haïr, à le mépriser.
Qui suis-je pour critiquer un film d'une telle renommée ? Un film à l'envergure si grande qu'il a marqué l'histoire du cinéma à l'encre indélébile. Je crois que je suis un spectateur et qu'avant tout un film est fait pour ceux qui vont payer pour le regarder.
Et là, je ne peux pas croire que Godard ait fait ce film pour les autres, mais bien totalement et uniquement pour lui et sa vision du cinéma. "Le mépris" n'est pas celui de Camille pour Paul, mais bien celui de Godard pour ceux qui vont juger son film. Tout est fait pour flatter l'intellect du réalisateur, quand le film adopte une dimension explicative avec le parallèle entre la situation de Paul et celle d'Ulysse par exemple, l'explication est grossière sans subtilité. C'est comme si il nous prenait pour des cons et qu'il nous aidait un peu à suivre son histoire si profonde. Quand Godard tourne la caméra vers nous au début du film du genre ceci est votre histoire, ciné-vérité, tralala, et bien j'ai envie de rire. A quel moment l'histoire d'une blonde débile, qui fait chier le monde toute la journée, nous concerne ? Ou encore mieux, en quoi cela vient-il toucher une forme d'universalité cinématographique ? Je veux bien que cela nous parle de la complexité amoureuse, de nos contradictions, de nos aspirations, mais ce film ne m'a rien apporté de ce point de vue là. Peut être suis-je trop jeune ou alors trop vieux par rapport à l'époque du film.
Non mais, à quel moment l'on peut prétendre parler des Hommes, en racontant les aventures d'un écrivain à deux de tension et de sa femme, la bimbo, lors d'un petit séjour à la plage en Italie.
Brigitte Bardot est sans nuance aucune, son jeu est aussi plat que la mer Méditerranée. On lui a simplement dit mets-toi à poils là, ici et là aussi, tu vas voir c'est poétique ( bon après j'ai rien contre...). Il reste tout de même le tour de force de la scène de l'appartement où j'ai quand même était bluffé par la mise en scène chorégraphique, et l'agacement prodigieux qu'elle arrive à produire. Il reste aussi de très belles images, beaucoup... Beaucoup de travelling et un immense Fritz Lang qui marche et parle un peu. Et lui, qu'apporte-il au film, si ce n'est une présence, pour certifier une sorte de paternité cinématographique avec Monsieur le réalisateur.
Je crois qu'il n'en faudrait pas beaucoup pour que j'aime "Le Mépris", peut être aurait-il fallu que Godard veuille bien partager son film, dans tous les sens du terme.