Pour commencer, un petit mot sur le travail des éditions Rimini. Voilà encore une société qui a le bon goût de ressortir dans de très belles éditions de films oubliés. Avec sa collection « Angoisse », elle a relancé sur le marché des séries B de fantastique ou d’horreur des années 70 et 80. À l’heure où on nous abreuve de classiques et de blockbusters dans tous les formats possibles et inimaginables, il est vraiment appréciable de pouvoir découvrir des petits films de genre pratiquement jamais diffusés sur les pourtant très nombreuses chaînes de télévision.
Ceci étant dit, le film en lui-même aux accents très anglais semble s’inscrire dans la logique des derniers Hammer. Exit le baroque, les siècles passés et les symboles, pour donner place au réalisme dans des lieux du quotidien. À ce titre, quoi de mieux que le métro londonien pour faire surgir l’horreur dans le marasme du quotidien ? Le contexte est parfaitement bien choisi, le sujet aussi. Il y est question d’un peuple cannibale vivant dans les souterrains de la ville. Comme toujours, la dimension de l’ensemble est évidemment politique. On y parle de classes sociales avec, pour ouvrir le film, la disparition suspecte d’un haut fonctionnaire dans le métro. Le film s’achèvera sur la résolution de cette disparition sans qu’on s’attarde davantage sur les autres victimes. Un cynisme général qu’on retrouve dans le personnage interprété avec gourmandise par un Donald Pleasence toujours parfait dans ce type de rôles.
Il est dommage que le traitement du film ne soit pas à la hauteur de son sujet. Il se contente d’être une peinture de ce qui est et non de ce qui se passe. L’enquête est ainsi réduite à sa plus simple expression et on préfère s’attarder sur le caractère atypique de l’inspecteur. Quant à l’affreux cannibale, on se contente de nous montrer son quotidien et le résultat de son œuvre plutôt que de nouveaux crimes. Amateurs de scènes sanglantes, passez donc votre chemin. D’ailleurs, la compatissance à l’égard de celui-ci est telle qu’on nourrit peu de plaisir à envisager de le voir se faire prendre. Le film se limite donc à une peinture sociale et se refuse à toute péripétie trépidante. Le résultat est donc très lent et linéaire, n’offrant que peu de scènes d’action et de rebondissements exaltants. L’atmosphère glauque à souhait est cependant très réussie mais elle ne peut suffire à mes yeux. À noter, pour les fans, que la présence à l’écran de Christopher Lee n’excède pas les deux minutes.