On peut être fier de ce cinéma suisse actuel si florissant. Delphine Lehericey signe ici un beau long-métrage sélectionné dans plusieurs festivals.
On y retrouve une nouvelle pépite de jeune acteur (Luc Bruchez), Laetitia Casta, mais aussi le très talentueux Thibaut Evrard, déjà aperçu dans la série suisse à succès « Double vie ».
Le milieu de l’horizon est une adaptation d’un roman éponyme de Roland Buti qui retrace, le temps d’un été, les prémices de l’adolescence de Gus, un jeune garçon issu d’une famille paysanne. On s’immisce dans ses tâches quotidiennes à la ferme, ses escapades à vélo et ses premiers émois avec la fille du village.
Parallèlement, on subit plutôt cet été caniculaire de 1976, que d’en profiter. Il fait tellement chaud que les poules et le bétail crèvent jour après jour. La tension monte tant au niveau des affaires vacillantes de la ferme, que sous le regard écarquillé de Gus, témoin d’une passion amoureuse naissante entre sa mère et une amie (radieuse Clémence Poésy). C’est là que réside le cœur central du film. La révélation de ce secret va changer les rapports si forts qui le lient à sa mère et c’est tout l’équilibre de la famille qui en sera chamboulé.
Le film nous laisse cependant sur notre faim, comme si plusieurs sujets importants n’ont pas pu être aboutis. Il dégage par ailleurs cette gêne omniprésente qui ne fait que de s’amplifier. Mais ce que la réalisatrice arrive indéniablement à transmettre, c’est une certaine forme de modernité en montrant la liberté de pouvoir choisir qui l’on est, qui l’on veut être, sans se préoccuper de ce que pensent les autres. Elle rend le spectateur sensible à plusieurs questions : comment, dans un milieu agricole si retiré, et à une telle époque peut-on réagir à l’orientation sexuelle d’une mère de famille ? Saurions-nous mieux l’accepter en 2019 ?