Y a-t-il un ministère de la culture pour sauver le cinéma ?

The Ministry of Ungentlemanly Warfare, c’est inglourious basterds si c'était fait par un incompétent qui calque sa personnalité sur Tarantino. C’est du vu et revu, et ça se sait avant même de regarder le film. La scène d’introduction ne manque pas de mettre le ton ; aucun rythme n’est mis et aucune énergie ne s’en dégage, on ne fait qu’attendre la prévisible contre attaque des protagonistes sous l’air d’un méchant faussement menaçant. Mais si c’était que ça, ça n'aurait été qu’un mauvais départ, rien de plus. Mais comme dit, le film est prévisible, et n’est pas le moins du monde bon.

Si l’histoire “vraie” est intéressante, le film ne fera rien de plus pour le rendre captivant. Les défauts sont nombreux, et je pense que la base de ceux-ci est l'écriture, notamment des dialogues. Dieu que c’est mauvais ; pas un moment où ça parait naturel, pas un moment où ça véhicule des informations intéressantes ou révélatrices de la psychologie des personnages, pas un moment que c’est drôle, pas un moment où c’est marquant, et encore moins “bien placé”. Que ce soit les très banals “mon frère” lancé par le protagoniste, l’exposition qui n’est pas crédible (“pourquoi on est là ?”, demande l’homme parti depuis près d’une semaine de chez lui), les blagues homo érotiques entre 2 des membres de l’équipe qui semble avoir été écrite par ado qui se croit ouvert d’esprit (ou qui est homophobe, à vous de choisir), et cette “punchline” de Marjorie contre le méchant juste avant de le tuer (“Vous allez me suivre !” “Oui… mais non !”)… j’étais mort vraiment (plus rapidement que le méchant c’est sûr).

C’est comme ça tout le long du film, d’une platitude absolue qui échoue lamentablement à se rendre agréable, ni même intéressant.

J’ai dit que ce défaut des dialogues (et bien sûr du film en général) était la base des autres défauts du film, et ça va se ressentir surtout dans la relation entre les personnages, et leur personnalité même. Je crois que je n’ai jamais vu un film ou les personnages avaient si peu de personnalité, un fossé sans fond dont même l'abîme aurait le vertige. Donnez-moi un seul trait de personnalité de chacun d’eux ? Parce que le danois, son seul truc c’est qu’il a un t-shirt trop petit pour faire ressortir ses bras, et Cavill n’a que sa pilosité faciale. Quand je dis que c’est vide, je pèse mes mots. Alors ouais, ils vont tenter de masquer tout ça en te faisant une intro de l'équipe lors de sa sélection par le protagoniste (comme dans the Suicide Squad ! Ou Transformers 5, ou les gardiens de la galaxie… ou-), par les raisons de pourquoi chacun est un atout… mais déjà ça dit rien des personnages en tant que tel, sauf qu'ils n'aiment pas les nazis ou qu’ils avaient une famille (grosse difficulté n’est-ce pas ?), et ensuite même ces trucs ne seront pas réutilisés. Et dans les relations entre lesdits gars ? Au mieux, rien, au pire, les mêmes trucs vu et revus (comme le coup des 2 gars qui vont parier un truc).

Y a quand même un personnage qu’on ose nous présenter comme un ami fidèle de Cavill, “un frère”, mais hormis ce mot ils n’ont aucune relation particulière, même pas un chouilla plus que les autres qui ne se connaissent pas spécialement ! Personne n’est attachant, et faire des blagues à base de “t’es mignon” ça va pas combler ta personnalité ! Et… ça fait déjà 30 minutes sur un film de 2 heures ?! Et il c’est rien passé ! Mais ça va pas ! Mais franchement c’est insupportable !

Ah attendez, on me dit qu’il y a de l’humour et du sarcasme dans ce film, grande nouvelle ! Peut-être je me ferais un peu moins chier !

Non ? Bon bah au moins ça peut pas être pire que ce que j’ai déjà dit, n’est-ce pas ?

Mais partez pas j’ai pas fini ma critique!

Bon. L’humour… j’ai l’habitude de ne pas être drôle, comme vous l’aurez constaté. Mais là c’est un crime contre l’humanité. Déjà, y en a pas une de drôle. Pas. Une. Y en a des dizaines sur tout le film, et sachant que les ¾ des interactions entre perso sont sarcastiques - ce qui n’est pas surprenant car généralement le sarcasme c’est facile à faire car ça permet d’éviter de réfléchir - on est gêné face à la nullité du truc. Ça se veut “cool” mais y a rien qui marche, comme Cavill qui se prend à la fois pour un chef posé et très calme dans ses actions, et en même temps pour un fou de la gâchette, ou l’indifférence de savoir que son “frère” se fait torturer, puisqu’il a limite l’air plus gêné pour la mission que pour lui… alors qu’il est électrocuté aux tétons (d’une grande hilarité, à nouveau).

Le comble de cet humour de merde, c’est un moment (en tous cas dans la vf), alors que Marjorie et Héron sont en repérages, ils chantent “il était un petit navire” dû la présence de soldats nazis dans un port:

-Ohé ohé matelot

-Matelot nazi sur les flots

Je ne pouvais pas palper le malaise, c’était le malaise qui me palpait là !

Comment ça ? Je vous ai pas introduit ces personnes en parlant de l’équipe ? Normal ! Ils préparent le terrain en avance, et ils sont pas franchement plus intéressants ! A nouveau, aucune énergie, pas de relation particulière, juste le scénario qui se déroule avec mollesse. D’ailleurs même pas d’intérêt amoureux entre les 2 (quitte à aller au bout du prévisible), puisqu’en fait la femme est amoureuse du protagoniste… et on le sait qu’à la toute fin dans une affiche qui résume ce que chacun a fait dans la vraie vie (même montrer qu’ils étaient en couple c’était trop difficile. Et non, échanger 2 brefs regards ça suffit pas à le “montrer”).

Transition toute trouvée avec ces personnages pour parler de la “tension”, “l’action”, et la “mise en scène” ! Bah y en a toujours pas ! Ces 2 personnages sont un moment dans un train, ou ils vont voler une malette contenant des informations confidentielles : avec une malette plus grosse, ils la cachent dedans et la vole, se font presque surprendre par le capitaine, mais ce n’est qu’un malentendu, et alors qu’ils déchiffrent le contenu, ils sont sur le point de se faire attraper, mais de justesse, ils terminent, sortent reposer la valise, et se remettent à leur table pile au moment ou leur assiette est servie.

Vu et revu. Je me répète, mais eux aussi. Et si encore ça avait un peu d’originalité dans la mise en scène, mais à nouveau pas le moins du monde. Bordel, c’est une scène de suspens et c’est chiant comme la pluie, et ça c’est pareil pour toutes les autres scènes ! Ils te font péter des bateaux ? Plan large mal cadré. Ils attaquent une base ennemie dont on ignore la taille ? N’essayons sûrement pas de filmer l’ensemble, on pourrait avoir une idée de l’ampleur du danger sinon !

Oh tiens, encore une transition pour parler d’un autre problème ! Il n’y a pas d’action, car il y a pas de danger ni de confrontations. Tous les ennemis se font descendre avec une facilité déconcertante, alors même que les protagonistes entrent dans le tas sans viser (littéralement puisque ça tire dans le tas) ni se préparer, le tout à découvert. C’est pas impressionnant si c’est facile, sinon quand je défonce à la chaîne des enfants avec une poêle, je devrais aussi avoir droit à un film à mon effigie (ça fera un film parodique toujours plus drôle que ça). Pour vous dire, de l’équipe principale, y en a qu'un qui se prend 1 balle. 1 seul, 1 balle. Sinon tout le mérite revient à leurs associés de dernière minute… africains (les seuls qui se font tirer dessus sont noirs ? Qu’est-ce que ça veut dire ?).

Et bonne nouvelle, nouvelle transition ! L’autre problème concerne le film dans son ensemble, et la manière dont, pour un film sur des nazis en Afrique, c’est extrêmement conventionnel. C’est simple, en dehors de l’antisémitisme qui ne revient que 2 fois, on n’a pas de réflexion raciste, alors même que l’un des protagoniste est noir, et qu’il est même traité avec respect, l’un disant même qu’il est galant (et me dites pas “il c’est fait traiter de rat par des soldats”, là il posait une bombe et était contre le sol d’un bateau, on aurait pu dire ça d’un blanc ça aurait pas été différent). Je demande pas à ce que le film soit caricatural, mais un problème qu’on rencontre de plus en plus aujourd’hui c’est l’absence de nuance voire la volonté de montrer des méchants pas trop non plus pour que le film ne choque pas trop le public, qui passe par le fait qu’on peut accepter des meurtriers, mais pas des racistes ! (Peaky blinders ou le prince des dragons font ça). Je trouve ça fatiguant de voir des méchants qui limitent pourraient ressembler à tout un tas d’autres méchants… alors que ce sont des putains de nazis! Assume ton film Guy Ritchie…

Guy Ritchie ?! Le gars qui a fait Sherlock Holmes ?! Ah… bah… peut-être qu’il faut que j’aille revoir le film, histoire de savoir si c’était vraiment bien ou si la nostalgie l’a déformé.

La fin est d’ailleurs tout aussi nulle, puisqu’on a Churchill, très mal maquillé et sans charisme (et à l’horrible vf), qui vient condamner les soldats après leur réussite, en disant qu’ils ont manqué de respect à la hiérarchie et aux ordres (oh non !), mais au final pour les récompenser en disant qu’ils l’ont fait pour le plus grand bien (ouf !). Bah évidemment que ça allait se passer comme ça, c’est Churchill lui-même qui a créé la mission, qu’est-ce que tu veux me faire croire qu’ils risquent la prison ? Tout ça pour juste terminer sur une scène encore vue et revue ! Vous vous foutez de la gueule du monde !

Pour conclure, C’est un film vraiment très mauvais. Je ne lui trouve pas un seul point positif même avec la plus grande honnêteté qui soit (parce que bon Cavill et monsieur trop petit t-shirt sont beaux, ouais, mais c’est pas une qualité au film ça). Ce film est beaucoup trop long pour ce qu’il a à proposer, et pourtant il ne prend pas son temps, pour raconter une histoire, montrer de belles scènes, avec des blagues, des phrases marquantes, et des personnages attachants… en même temps s’il avait fait tout ça, peut-être le film aurait trop ressemblé à ce dont il “s’inspire”, n’est-ce pas Taran- pardon, monsieur Guy Richard ?