Un vraie expérience mnémonico-artistique (rien que ça !)
Un 3/10 recommandé, mais « wtf !? » me direz-vous. Lisez donc pour comprendre. Si j'ai adoré Stalker et Solaris, l’expérience du "Miroir" m'a vraiment laissé de marbre. Trop brouillon, trop confus, trop auto-personnel, trop subjectif. Je n'ai pas réussi à me sentir touché par cette volonté, comme un écrivain le ferait avec des mots, de vouloir mettre des images sur des émotions. Cette démarche est pour moi une hérésie cinématographique puisqu'elle confine et ne peut aboutir qu’à la perte du sens pour se transformer en une succession de séquences devant évoquer un sentiment ou une émotion. Si les acteurs sont vraiment bon, on sent qu'ils ne savent pas du tout ce qu'ils jouent (ce qui est probablement l'effet recherché). Ici la perfection formelle de Tarkovski ne me semble pas mise au service d’un récit, ce qui pour moi la rend inopérante et agaçante. De l'art ? Sans aucun doute. Touchant ? Pour moi, non. J'ai trop besoin du sens, d'une direction, de construction, je n'ai jamais été amateur de non-construction au cinéma. La volonté clairement exprimée ici est de proposer une expérience totalement subjective, une introspection totale ne souffrant d’aucune inhibition, démarche louable et forte artistiquement, comme pour faire vivre au spectateur la dernière réminiscence pre-mortem, matérialiser ce défilement, ce flux ininterrompu de souvenir/sensation qui submerge la raison. Le concept est très séduisant mais nul besoin de faire un film pour savoir que ce n’est intéressant que dans la mesure où le subjectif est universalisé pour « parler » au spectateur qui n’est pas Tarkovski, mais quelqu’un d’autre à qui ces plans/émotions ne parlent pas… Il ne fait aucun doute que c’est l’œuvre la plus personnelle de Tarkovski, probablement la plus « pure » puisqu’il se livre sans retenue et il nous revient d’y puiser et d’agencer ces émotions selon nos propres inclinaisons et nos propres intériorités. Bref, un bon film, non, une expérience artistique à faire, oui !
**************************************************
J’ai aimé :
- le jeu d’acteur
- le travail sonore
- la volonté de proposer une expérience mnémonique ultra-subjective
- encore une fois une réalisation excellente
- le travail sur le rythme, incroyable comme toujours chez Tarkovski
Je n’ai pas aimé :
- la trop grande subjectivité qui ne s’adresse qu’à l’auteur
- la confusion volontaire et les articulations sans logique (volontaires aussi)
- le manque de sens (mais cela rejoint le premier point)