Miroir, mon beau miroir, dis-moi donc... quelque chose. Mais parle, te dis-je !
Comme toujours avec Tarkovski, on a droit à des plans beaux comme des tableaux de maître, à des phrases poético-ésotériques, à beaucoup de tension... et d'incompréhension. En fait, tous ces éléments sont mêmes poussés ici à leur paroxysme : on aura rarement vu de plans aussi beaux que dans Le Miroir, de séquences si mystérieuses, de flou interprétatif.
Et encore, heureusement que j'étais un peu "préparé" avant de voir le film. Je rêvais ainsi de voir le film où, parait-il, Tarkovski est allé le plus loin dans sa conception esthétique de "sculpteur du temps" (pour ceux qui voudraient en savoir plus, je conseille son livre "Le Temps Scellé" (autre traduction du "temps sculpté"), un des meilleurs bouquins sur le cinéma que j'ai lu). Son film le plus personnel, où il mêle histoire intime et histoire de toute la Russie, faisant discuter différentes époques et différentes subjectivités d'une séquence à l'autre.
Pourtant, en faisant appel ou non à mon bagage théorique, j'ai souvent eu l'impression de ne rester qu'à la surface de ce miroir. Normal, me direz-vous. Alors, ce film devrait se comprendre comme un miroir dressé devant le spectateur ?
Je ne sais pas si c'est un problème culturel ou autre, mais je ne me suis jamais vraiment reconnu dans ce film, et n'ai eu que peu d'empathie pour les personnages. Plutôt qu'un miroir, j'ai ainsi plutôt eu l'impression de mirer un vase clôt. Un très beau vase, cela dit...