Le Missionnaire traduit parfaitement la volonté populaire et populiste actuelle visant à substituer la religion consacrée par une religiosité du social dans laquelle chacun réinsérerait l’idéal démocratique que son modèle sociétal lui fournit ; c’est peut-être dans ce leurre que le film est le plus dangereux puisque le respect des textes et la foi ne serait désormais plus requis et ouvrirait ainsi la porte au n’importe quoi, donc à l’irréligiosité totale. En somme, le film se pose comme philosophe de comptoir au-dessus des philosophes et en rejet avec l’idée de théologie ou de philosophie : deux ou trois bourre-pif et l’affaire est dans le sac. Donc en prêchant l’ouverture et l’amour, Le Missionnaire chante l’inertie des religions, passe son temps à enchaîner les blasphèmes comme levier comique douteux, élève la vulgarité au rang de vulgate et le sacré au rang d’hypocrisie (preuve en est cet affreux frère qui revient à la vie dans la drogue et les filles). Dommage car quelques gags fonctionnent et une idée certes traitée de la manière la plus grossière qui soit s’avère juste : le mariage des religions. Encore faut-il avoir la foi pour le consacrer…