Le monde après nous
Il est dur de comprendre pourquoi le réalisateur a choisi d'autant empiler les clichés, au point de rendre tous ses personnages caricaturaux : la policière vous demande au téléphone quelle est la...
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le 26 avr. 2022
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Il est dur de comprendre pourquoi le réalisateur a choisi d'autant empiler les clichés, au point de rendre tous ses personnages caricaturaux : la policière vous demande au téléphone quelle est la race du voleur afin de savoir si c'était un arabe, la jeune femme qui travaille utilise le franglish des start-upers, l'attaché de presse est homosexuel et a un petit chien, l'éditrice utilise un langage pompeux sans avoir l'air de croire à ce qu'elle dit.
Tout ce tissu de caricatures enlève toute sympathie au film qui devient lui-même une caricature d'un film d'auteur français. Le récit a deux axes principaux. Le premier est l'envie du personnage principal de devenir écrivain. Nous arrivons vite à une scène où nous voyons Labidie obtenir une option de la part d'une maison d'édition pour un projet qui semble prometteur sur une exploration de sa personne sous le prisme de la guerre d'Algérie. Cet axe s'arrête presque à cette scène. Nous ne voyons pas ce projet avancer, il semble ne pas commencer et sera même abandonné. Labidie est lui aussi transformé en une caricature d'écrivain au retour de l'enterrement de son père. Hanté par le deuil, il parvient enfin à écrire. Il prend son Mac, fume des cigarettes tout en pianotant, et il parvient à écrire un livre brillant en une seule nuit, sans aucun travail préalable. Pourquoi ne pas avoir plutôt montré Labidie travaillant son sujet initial plutôt qu'ici aussi céder à l'appel du cliché ?
Le deuxième axe est l'histoire d'amour avec une fille qu'il a rencontré à un café lyonnais, ville où il a grandi et où ses parents tiennent un bistrot. Il est compliqué de croire à cette histoire d'amour car nous ne quitterons jamais le point de vue de Labidie et Elisa n'existe dans le film que pour être amoureuse de lui. Son personnage n'est en effet pas développé et il est dur de comprendre ce qui l'attache à Labidie, tant il semble peu généreux. Il choisit un appartement sans même lui faire visiter, lui indique que si elle ne croît pas au couple, ce n'est pas grave car lui croît en lui. Un discours très éloigné de son époque. Surtout, il vit au-dessus de ses moyens. C'est une chose de vouloir montrer la précarité étudiante dans un film, c'en est une autre selon moi de montrer quelqu'un qui veut sciemment vivre au-dessus de ses moyens en trichant et en volant. Labidie finit par être antipathique, ce qui n'est pas aidé par un jeu d'acteur monotone, et est tellement en opposition avec l'énergie sous-exploitée d'Elisa que l'histoire n'était plus crédible à mes yeux. D'autant que quand on pense qu'Elisa a enfin réalisé que cette relation ne menait nulle part (par exemple après que Labidie essaye de se jeter sous un camion pour frauder l'assurance) nous nous retrouvons projeté en plein mariage, animé par un maire tout aussi caricatural que les autres personnages.
Le film ne réussit pas à trouver son ton entre des caricatures outrancières qui lui donnent un côté comique et un récit qui se veut plus sensible. Les deux finissent par se mélanger et ce sont les caricatures qui emportent la sensibilité et l'authenticité du film sur leur passage.
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le 26 avr. 2022
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