Curieux film, tiré d'un roman plus sombre encore de rumaan alam.
C'est au fond l'impossible survie des médiocres et des faibles qu'il décrit.
Face à une catastrophe mondiale - manifestement une cyberattaque très préparée - un couple de new-yorkais en perdition (Julia roberts, dépressive et vide de sens et Ethan Hawke en mari faible et lâche) vont se retrouver coincés dans une maison de luxe en bord de mer, incapables de comprendre ce qui se joue, tandis que se multiplient les signes et symboles d'un monde qui vient s'écrouler autour d'eux.
L'histoire de ces deux incapables est en fait anecdotique - la confrontation avec le père prioritaire noir (mahersahal ali) et sa fille (nulle) est un long prétexte pour geindre sur le racisme des blancs et le fait de ne pas leur faire confiance (dixit).
Ce point, très convenu pour un film "de gauche" est heureusement contrebalancé par des tas d'indices que nos "héros" refusent de voir et qui sont parsemés tout au long du film, et qui montrent qu'au fond nous ne méritons pas de survivre.
ainsi, la photo murale de la chambre des parents représente au début du film une mer plate, puis agitée, puis déchainée au fur et à mesure que le chaos l'emporte - une fois qu'on a vu l'effet c'est étonnant à la nouvelle vision.
Ignorance des signes de la nature (le bateau white lion, les cerfs, les flamants roses...) qui montre une incapacité congénitale des humains à comprendre que la catastrophe préfigure un monde sans eux.
Ignorance des hommes, et de la solidarité élémentaire au prix du chacun pour soi (la partie ou ethan hawke refuse de prendre en stop une femme ne parlant qu'espagnol - volontairement non sous-titrée - montre à quel point des éléments importants sont perdus à cause de sa lâcheté).
Ignorance de la société dans laquelle ils vivent, pensant être hyper privilégiés et donc en capacité de réagir.
le plan (de qui ? apparemment l'ennemi est interne) révélé est malheureusement extrêmement crédible, créer la confusion (les affiches par drones) et l'absence de communication (le survivaliste kevin bacon dont la paranoïa permettra la survie), puis laisser les survivants s'entretuer)
Malgré des lourdeurs, cet éloge funèbre d'une race qui se détruit reste un bon film, bien mis en scène (les travellings sur la ville de new york au dessus des arbres) et qui interroge sur notre vanité.
Ne soyez pas trop dur, un film qui fait réfléchir c'est déjà pas si mal.