Dernier projet avorté de Circle 7 Animation à être repris par les Studios Pixar, Le Monde de Dory s'est fait attendre. Il a fallu patienter 10 années pour que Disney officialise la suite du Monde de Nemo, un des plus grands succès du cinéma d'animation et un des plus grands bijoux de Pixar Animation Studios.
Bien qu'Andrew Stanton était réticent à l'idée d'une suite, on peut supposer que le flop commercial sans nom de John Carter a motivé le réalisateur de WALL-E à finalement répondre positivement à la demande de Disney d'exploiter à travers un nouveau film l'univers du Monde de Nemo.
Dès lors, la crainte de revoir la formule Cars 2 appliquée sur le chef-d'oeuvre d'Andrew Stanton (vous savez, le comique de service du premier qui a marché et qui se retrouve le héros du deuxième film) était présente malgré les 4 années de production.
Fort heureusement, Dory n'est pas Martin et conserve tout son capital-sympathie dans ce nouveau volet. Si la perception du spectateur sur le poisson-chirurgien ne change pas beaucoup, le personnage reste très attachant, drôle et émouvant tout le long du film.
Pour autant, les défauts que je m'attendais à retrouver dans Le Monde de Dory sont bien là.
Contrairement au premier film qui, bien que bavard, prenait son temps de raconter son histoire, cette suite avance à un rythme beaucoup trop rapide. Excepté quelques moments plus calmes comme lorsque
Dory se retrouve seule dans l'océan
, tout va toujours à fond. On prend à peine le temps de profiter du décor, l'introduction nous remet les environnements qu'on connaît déjà mais ne s'y attarde jamais. Il n'y a pas la même immersion que dans le premier film. L'océan nous paraît bien plus petit et moins riche. La 3D est au passage totalement inutile et presque invisible sur certains plans.
La majorité du long-métrage se passant au Marine Life Institute, on a plus l'impression de voir un Direct-en-DVD sur grand écran qu'un long-métrage cinématographique.
Rajoutons à cela une écriture bien moins travaillée que dans le précédent film notamment avec des flashbacks récurrents ponctués de dialogues niais au possible et des parents totalement transparents et sans personnalité.
On ne ressent jamais les mêmes émotions et les mêmes frissons que lors du premier film. On ne vibre pas, on n'a pas peur pour les personnages. L'histoire avance en mode automatique.
Mais des qualités demeurent bien entendu.
Les nouveaux personnages sont pour la plupart assez réussis. Hank le poulpe est le plus drôle d'entre eux grâce à sa capacité de se camoufler quand il le veut. Son animation est d'ailleurs irréprochable. Bailey et Destinée sont un peu moins mémorables, la relation entre cette dernière et Dory est d'ailleurs assez sous-exploitée, mais restent assez attachants malgré tout. De même pour les lions de mer ou Becky.
Un autre bon point également, le film ne tombe pas dans le piège du fan-service malgré ce que laissaient croire les bandes-annonces. La présence d'anciens personnages tels que Crush ou Monsieur Raie est justifiée (une surprise vous attend après le générique de fin) et la musique ne se repose pas que sur les thèmes du premier film. Thomas Newman fait d'ailleurs un très bon travail.
Au final, Le Monde de Dory m'a offert ce que j'attendais. C'est un deuxième volet sympathique et un bonus agréable pour les fans du Monde de Nemo mais il ne dépasse jamais ce stade à cause de son rythme mal géré, ses soucis de crédibilité et ses faux airs de téléfilm.
Malgré toute la bonne volonté du monde, il est difficile après ça de ne pas être inquiet pour Toy Story 4 (et que dire de Cars 3!). Si même Andrew Stanton n'arrive pas à relever le niveau chez Pixar, comment Lasseter peut-il le faire?
L'avenir de Pixar dans la production de suites est plus qu'incertain.