Le Monde de Nemo
7.3
Le Monde de Nemo

Long-métrage d'animation de Andrew Stanton et Lee Unkrich (2003)

♪Tout le monde est heureux, sous l'Océan♪

Je dis toujours que Là-Haut est mon film Pixar préféré mais je crois sérieusement qu'un jour, il va passer à la deuxième place tant Le Monde de Nemo me laisse à chaque visionnage une impression incroyablement forte. À sa sortie, Le Monde de Nemo a déclenché un véritable rez-de-marrée (lol) faisant passer les recettes commerciales de Toy Story, 1001 Pattes, Toy Story 2 et Monstres & Cie pour des salaires mensuels de profs. Plus de 936 millions de $ ont été cumulés dans l'ensemble du monde si on ne compte pas la ressortie 3D de 2012, un score supérieur au Roi Lion! Il faudra attente Toy Story 3 7 ans plus tard pour que le record soit dépassé.
Un succès amplement mérité tant des années après, la puissance émotionnelle du film reste intacte.


Le Monde de Nemo est avant tout sur le plan technique un pari extrêmement risqué. Si les artistes de Pixar ont fait leurs preuves par leurs 4 précédents films, modéliser et animer la vie aquatique représente un tout autre challenge. John Lasseter le comprendra d'ailleurs en demandant à toute l'équipe du film de prendre des cours de plongée afin d'étudier et de représenter au mieux le monde sous-marin.
Le résultat a été payant tant l'imagerie du Monde de Nemo est saisissante de réalisme. Chaque décor est doté d'une palette de couleurs particulière lui donnant une atmosphère toujours apaisante mais nouvelle.


Le meilleur élément du film aidant tant pour l'immersion que pour le scénario et qui le démarque des précédentes créations Disney/Pixar est la lenteur.
Pour quelqu'un comme moi qui est fasciné par l'atmosphère que renvoie l'Océan, voir Le Monde de Nemo a été un plaisir de tous les instants tant les artistes de Pixar Animation Studios ont réussi à recréer au poil la sensation d'apaisement provoquée par les fonds marins.
Le récit a beau avoir beaucoup d'action, il alterne souvent les scènes très actives et les moments dramatiques plus posés. Ces fameux passages sont menés sans artifices grossiers et sont parmi les plus beaux que nous ont fait les studios Pixar.


L'Océan est traité comme un véritable personnage, mystérieux, rassurant, inquiétant, tout dépend des êtres qui le composent. Il crée parfois un sentiment de solitude pesant notamment lorsque Marin et Dory se retrouvent seuls dans le cadre avec juste un fond bleu qui semble n'avoir pas de fin en arrière-plan. Encore une fois, au niveau des images, c'est juste irréprochable.


À souligner également la bande-originale signée Thomas Newman (première fois que Pixar ne fait pas appel à son cousin Randy Newman) qui est tout simplement une des plus réussies et des plus belles du compositeur. Le Main Title a marqué énormément de gens (en témoigne la réaction du public face à sa reprise dans la bande-annonce du Monde de Dory) et m'a tout autant marqué. Tous les morceaux du film m'ont marqué. Dès que je les entends, j'ai l'impression de me retrouver au fond de la Mer tant la sensation d'enivrement créée par l'Océan est parfaitement retranscrite dans chaque mélodie.


Rien que l'introduction est très intelligemment écrite et réalisée. En ne montrant pas la mort de Corail et de tous ses petits, la scène est encore plus traumatisante. On ignore comment la compagne de Marin s'est défendue face au barracuda et on se met à imaginer le pire. Le film n'aurait évidemment jamais pu montrer ouvertement cette séquence mais c'est bien la preuve que parfois, il vaut mieux laisser place à la suggestion.


Toute la séquence dans le ventre de la Baleine est le passage le plus lent du film et le plus calme laissant le temps au spectateur de ressentir toute la peine du personnage de Marin, en parfait contraste avec l'optimisme de Dory.
Ce duo est d'ailleurs une franche réussite. Il était tellement facile de rendre Dory agaçante à souhait par ses troubles de mémoire mais Andrew Stanton sait heureusement quand les faire agir au bon moment sans que ça soit redondant.
Il en résulte un des duos Pixar les plus émouvants et drôles de la boîte.


Tous les personnages du film sont d'ailleurs formidables. Outre Marin et Dory, nous avons la bande de l'Aquarium du Dentiste dont la détermination et l'attachement des uns aux autres se font grandement ressentir. Même les personnages les plus tertiaires comme Bruce le Requin ou l'Amiral nous offrent des gags absolument hilarants (le running gag de la fenêtre du cabinet fait toujours son effet). Il s'agit d'un de ces rares films d'animation où je suis capable de citer chaque personnage qui y figurait tant chacun est parfaitement utilisé.


Un dernier point sur lequel je voulais revenir c'est le doublage. On sait que la version française des film Pixar est toujours très soignée mais ici, il y a un comédien qui se démarque bien plus que les autres: Franck Dubosc. Il m'a fallu des années pour me rendre compte que derrière la voix de Marin se cachait le fameux humoriste tant sa performance vocale est bluffante. Même en sachant que c'est Dubosc qui double le poisson-clown, je finis toujours par l'oublier en voyant le film. C'est probablement le meilleur exemple à donner pour montrer qu'une star au doublage, ça peut parfois donner quelque chose de génial.


Je ne serai jamais à court de louanges concernant Le Monde de Nemo. Je m'en voudrai toujours de ne pas l'avoir découvert au cinéma.
Son ambiance, son atmosphère, ses visuels, sa musique, ses personnages, son histoire, j'aime absolument tout dans ce film. Je pourrai le revoir encore et encore, je ne m'en lasserai jamais. Il reste à mes yeux une des plus belles perles des Studios Pixar.
Il ne reste plus qu'à attendre 4 mois avant de savoir si Andrew Stanton arrivera à renouveler l'exploit avec Le Monde de Dory.

Créée

le 21 févr. 2016

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Walter-Mouse

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