Sortez de son cellophane un jeu de cartes et battez-les, tant que vous le pouvez. Posez et coupez une première fois ; rebattez et coupez encore et encore, autant de fois qu'il vous plaira de le faire puis abattez enfin à l'endroit. Il est peu probable que vous sortiez un brelan, encore moins un full.
Regardez attentivement 40 ans de notre vie politique. Prenez les trois derniers septennats puis les quatre premiers quinquennats, prélevez dans chacun un ou deux évènements saillants ou qui vous ont marqué. Mettez le tout dans un gobelet à dés, couvrez d'une main ou mieux d'un couvercle, puis jetez ces évènements sur un tapis.
Il est peu probable que vous obteniez ainsi un thriller politique, une uchronie palpitante ou une dystopie convaincante. Dans le pire des cas vous obtiendrez une vague tambouille, dans le meilleur un film seulement mauvais, surtout si quelques comédiens unanimement appréciés vous apportent leur concours pour vous sauver la mise. Leur présence est à double tranchant cependant, car à trop concentrer de talents on pourrait penser qu'il y a un loup quelque part et que vous avez quelque chose à dissimuler ; vous risquez d'indisposer même ceux qui sont les mieux intentionnés.
François de Grossouvre, proche et confident du président Mitterrand s'est tiré une balle dans une partie non précisée du corps, assis dans un bureau du palais de l'Elysée.
Un président n'aurait jamais dû dire que l'assassinat politique était du domaine des réponses possibles quand une situation devient inextricable et dangereuse.
Un président peut être frappé d'une maladie en cours de mandat et même l'être déjà avant d'être candidat. Le président Pompidou était dans le premier cas, le président Mitterrand dans le second.
Un candidat à la présidence peut avoir son talon d'Achille, qu'il s'agisse d'un amour immodéré pour l'argent, pour les textiles de belle facture et pour les costumes de bonne coupe ou qu'il soit agi par une libido fiévreuse et porté sur la bouteille, si ce n'est les deux à la fois.
Un candidat à sa propre réélection s'est fait pendre la main dans le pot de confiture libyen, un autre s'est fait filmer avec une mallette pleine de liasses de billets de banque par les russes.
Une puissance étrangère, qui n'est pas de nos amis et qui elle-même n'entretient avec le droit positif que des relation très distendues, rêve de faire souffler un vent mauvais sur nous et de choisir à notre place un président de la République à sa propre convenance.
La présidente Elisabeth de Raincy/ Léa Drucker s'inquiète, son camp est en perdition et Luc Gaucher/Jacques Weber qui doit logiquement prendre sa succession est menacé par une révélation entre les deux tours de la part des russes, ce qui ouvrirait une voix royale à l'élection du candidat de la droite extrême.
La présidente de Raincy est bien entourée, son majordome et garde du corps/ Alan Lenoir la soutient d'une main ferme autour de la taille, remonte la bretelle de la combinaison pour cacher à notre vue son sein nu et porte dans ses bras musclés sa présidente quand elle s'évanouit sur la pelouse des jardins du palais.
La présidente de Raincy fait l'objet d'un dévouement sans limite de son fidèle Frank l'Herbier secrétaire général/ Denis Podalydès qui développe pour elle en moins de vingt secondes une situation internationale dominée par la montée des illibéraux dont le candidat français/Thierry Godard prendrait la tête, si d'aventure il était élu pour former une vaste alliance fascisante en Europe et même dans le monde. Il devient la situation inextricable précédemment évoquée et qu'un président de la République ne devrait jamais évoquer.
Vingt secondes de panorama géopolitique, trois jours de réflexion et de psychodrame en moins de deux heures ; quelques instants pour congédier le fidèle et dévoué secrétaire général meurtri dans l'âme et quittant les lieux la larme à l'oeil pour se jeter du haut de l'immeuble qu'il habite ; probablement un second quinquennat car la France ne sera jamais mieux servi que par soi-même .
Dans l'inévitable jeu d'identification afin de savoir qui est qui, toutes les hypothèses sont ouvertes et le président en exercice n'échappe pas aux interrogations subliminales sur la nature de sa relation avec son garde du corps et homme à tout faire qui a été congédié. L'homme étant une femme, le congédié toujours en bonne santé, c'est le proche du président Mitterrand qui s'est donné la mort après être tombé en désamour et en disgrâce qui occupera la place du mort. Nous pouvons affirmer haut et fort que toute ressemblance avec des personnages ou des situations ayant existé ne saurait être que fortuite et relever du plus pur des hasards, sauf pour celles qui pourraient relever éventuellement d'un clin d'oeil trop appuyé et en léger contre-temps.
Je conclurai par une recommandation et un conseil politique à la présidente. Si elle envisage de se présenter pour un second mandat parce qu'elle estime que Jacques Weber est définitivement cramé, il faut qu'elle entreprenne un rapide remaniement ministériel en changeant le premier d'entre eux. Benjamin Biolay, qui est toujours plaisant à entendre et à écouter quand il chante, n'accroche pas vraiment la lumière comme chef de gouvernement avec son éternel air de chien battu. Tant qu'à faire, il vaut mieux qu'elle mette toutes ses chances de son côté.