Le monde d'hier est un titre trompeur, celui du dernier ouvrage de Stefan Zweig avant son suicide, sachant que la dystopie de Diastème évoque une situation dans un futur proche, qui ne sort pas dans les salles peu de temps avant l'élection d'avril 2022, par hasard. Au crédit du film, une documentation sérieuse sur l'exercice du pouvoir élyséen et un suspense autour d'un scrutin qui va tout droit vers le choix de l'extrême. A saluer également : le jeu puissant de Léa Drucker, tout à fait crédible en présidente de la République et l'excellence des prestations de Denis Podalydès et d'Alban Lenoir, notamment. A son débit, une intrigue un rien bavarde, avec des dialogues qui manquent de brio ou pêchent parfois par excès de solennité (rien à voir avec la force de L'exercice de l’État). Le film est également peu heureux quand il s'agit d'aborder la face privée de la vie de la présidente. Le monde d'hier a une ambition puissante, dans des circonstances urgentes : il s'agit de sauver une démocratie, tout en s'interrogeant sur les moyens pour y parvenir. C'est évidemment passionnant, sur le papier, pour tous les citoyens que nous sommes, mais un rien laborieux à l'écran malgré la volonté de Diastème d'éviter que l'on cherche à reconnaître certains politiciens derrière ses personnages. Sensibiliser l'électorat français à ne pas privilégier l'abstention est le message sous-jacent du réalisateur. Pas sûr que son efficacité se vérifie dans les urnes lors de la prochaine élection présidentielle.