J'ai souvent fantasmé être le dernier homme sur terre (du moins dans les environs, faut pas déconner), imaginant ce que je pourrais bien faire de mon cul, les razzias que je pourrais effectuer à la Fnac et les appartements que je pourrais saccager, même s'il est probable que je finirais à moitié fou, discutant de mes malheurs avec un ballon que j'aurais forcément baptisé Wilson (ou Patoche, j'hésite encore) Le crooner Harry Bellafonte va justement se retrouver dans cette situation, sortant des décombres dont il était prisonnier à la suite d'un éboulement pour se rendre compte qu'il est seul au monde.
Malgré son budget microscopique, "Le monde, la chair et le diable" étonne dans sa première demie-heure, parvenant avec de simples peintures sur verre et de plans serrés à nous plonger dans un New York vide de toute vie, avec dix fois plus d'efficacité qu'un "Je suis une légende" pourtant bourré de pognon.
Les choses commencent malheureusement à se gâter par la suite, Harry Bellafonte, après avoir épuisé son répertoire musicale, faisant la connaissance d'une jolie blondinette puis d'un barbu pas franchement partageur. Si les échanges entre Bellafonte et sa nouvelle amie sont au départ sympathiques, jouant avec malice sur le clivage noir / blanc de l'époque, la suite fini rapidement par tourner en rond, le scénario tombant dans un simple triangle amoureux interminable.
Plastiquement impressionnant et s'achevant sur un duel final de toute beauté, "Le monde, la chair et le diable" ne va jamais au bout de ses ambitions, ne tenant pas les promesses d'une première partie intrigante.