Pour sa troisième aventure sous les traits du plus que convaincant Pierce Brosnan, James Bond va malheureusement retomber dans l'archétype-même de la franchise à travers un 19e film simple mais efficace où le scénario n'est ici pas seulement folichon mais surtout tout simplement raté. La faute à des scénaristes de plus en plus en manque d'idées neuves qui tentent tant bien que mal de booster la franchise après le plutôt sobre Demain ne meurt jamais.
Aussi vont-ils nous rabâcher cette énième histoire de mégalomanes destructeurs bien dérangés du ciboulot qui veulent détruire le monde pour s'auto-satisfaire. Et si l'idée n'est pas neuve, on appréciera cependant le rôle de M ici bien étoffé, liée de près à l'intrigue. Hélas, c'est face à un casting pas très reluisant que nous faisons face, en témoigne la présence de notre délicieuse Sophie Marceau nationale, vénéneuse au possible, avec à ses côtés le pourtant génial Robert Carlyle au rôle malheureusement sous-exploité et surtout fortement ringard, le bad guy du film étant ici un freak improbable qui, après avoir pris une balle dans la tête, se retrouve insensible à toute forme de douleur.
On a vu pire mais tout de même, ce genre d'extravagances auraient pu être délaissées. Pour la James Bond Girl de choc, c'est l'improbable bimbo Denise Richards qui peine à nous faire croire qu'elle campe une experte en armement nucléaire... en mini-short über-sexy, bien entendu. On regrettera donc une interprétation presque caricaturale et des jeux de mots de plus en plus incessants balancés par un 007 plus blagueur, dans la même veine que Roger Moore (sans toutefois aller jusqu'au burlesque exécrable de jadis).
Pour le reste, Michael Apted (Cœur de Tonnerre, Mesure d'urgence...) nous livre une mise en scène exemplaire, dosant convenablement ses scènes d'action, comme cette mémorable course-poursuite sur la Tamise ou celle, dantesque, sur les pistes enneigées d'Azerbaïdjan. Bref, Le Monde ne suffit pas reste un James Bond bourré de défauts mais un bon divertissement tout au plus sympathique qui marque notamment la dernière apparition du regretté Desmond Llewelyn dans le rôle de Q, laissant ainsi sa place au comique anglais John Cleese.