Pas de répit pour James Bond. Les missions s’enchaînent à une vitesse grand V pour l’agent britannique qui, deux ans à peine après le précédent film, revient dans Le monde ne suffit pas.
D’habitude, la scène d’introduction des James Bond montre l’agent en action dans une mission qui n’a pas spécialement de rapport avec celle qui va lui être assignée le reste du film. Le monde ne suffit pas esquive cette tradition, en entrant directement dans le vif du sujet. En tout cas, c’est ce que nous finissons peu à peu par comprendre. Et pour la première fois, d’ailleurs, le siège du MI6 est directement pris pour cible. Un départ assez peu commun pour le dix-neuvième film de la saga, qui va justement tenter de prendre un chemin un peu différent de celui pris par les autres films.
Un antagoniste, l’inquiétant et mystérieux Renard, est vite identifié. Mais il n’agit pas seul. Un visage paraissant innocent de prime abord peut cacher des secrets et un esprit malsain, et c’est ce qui constitue le cœur de cet épisode. Le monde ne suffit pas joue la carte des faux-semblants pour proposer un rebondissement majeur dans son intrigue et mettre James Bond et le spectateur dans le doute. La révélation est partiellement surprenante, même si elle permet de créer une rupture dans un film qui pourrait rapidement s’enliser dans un déroulement classique et convenu.
En effet, là où GoldenEye créait une sorte de rupture dans la saga, et là où Demain ne meurt jamais tentait un pari en misant surtout sur l’action, Le monde ne suffit pas tranche moins, et il se distingue moins, par conséquent. Le scénario paraît un brin brouillon, Robert Carlyle a du mal à s’imposer, sa relation avec Elektra n’est pas assez développée pour lui donner de la substance, les enjeux ne sont pas toujours clairs… Il est difficile de mettre exactement le doigt sur ce qui crée un manque dans Le monde ne suffit pas, qui cherche à jouer sur beaucoup de tableaux, le rendant globalement sympathique, mais l’empêchant d’afficher des atouts vraiment significatifs.
Difficile, donc, de vraiment trouver l’inspiration pour s’exprimer sur cet épisode certes loin d’être déplaisant, mais manquant aussi de cette étincelle pour s’embraser et véritablement décoller. On retient notamment le personnage incarné par Sophie Marceau, confirmant cette volonté de proposer des personnages féminins forts, qui mènent la danse dans un univers longtemps resté masculin. L’action reste toujours présente avec des séquences folles et démesurées, Brosnan convainc également toujours autant dans le rôle, et on ne veut pas bouder notre plaisir devant cet épisode, plaisant, mais ne figurant pas parmi les plus marquants.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art