Mon titre de critique signifie qu'un 3ème Bond pour Pierce était suffisant pour satisfaire vraiment les fans. Analysons ce film. Demain ne meurt jamais ayant joué la carte de l'action à l'extrême, la production de la saga bondienne opte cette fois pour une approche plus psychologique. Oh rassurez-vous, c'est quand même pas du Marguerite Duras, c'est bien un Bond, mais l'effort est méritoire, car cet opus comporte un personnage féminin plus étoffé, dont les rapports avec 007 sont assez ambigus. Alors je signale que je n'aime pas Marceau, mais ici je reconnais qu'elle est plutôt intéressante. Par contre, je ne suis guère convaincu par le personnage de pin-up joué par Denise Richards, c'est un rôle assez ridicule et qui ne s'imposait pas vraiment. J'aurais préféré qu'une place plus importante soit accordée à la superbe Maria-Grazia Cucinotta dans le rôle de Cigar Girl qu'on voit bien trop peu au début.
De même que le méchant joué par Robert Carlyle est trop caricatural et trop sous-utilisé (il apparait tardivement en plus), d'où le fait qu'il ne laisse pas une trace de méchant mémorable dans la franchise comme ont pu le faire Auric Goldfinger ou Hugo Drax. Etait-il une erreur de casting ? avait-il la carrure d'un vrai méchant bondien ? De ce côté, je reste très dubitatif. En regardant bien, on a l'impression que les Bond version Pierce commencent à s'essouffler un peu, c'est sans doute une fausse impression, certes on a des scènes d'action déjà vues (encore une banale poursuite en ski), donc au vu de tout ce que j'ai énuméré, il y a du négatif et du positif, et pourtant ce Bond est n°10 dans mon Top Bondien, quelque chose m'a-t-il échappé ?
Côté action, on retient la séquence d'ouverture décoiffante avec la poursuite en bateaux sur la Tamise, mais aussi de bonnes idées comme les scies circulaires héliportées, elles sont peu exploitées mais elles découpent allègrement le coupé Z8 de Bond qui décidément ne respecte pas le matériel confié par Q. Côté humour, on retrouve avec plaisir le personnage de Valentin Zukovsky joué par l'inénarrable Robbie Coltrane entrevu dans GoldenEye lors d'une séquence déjà assez drôle ; l'apparition de John Cleese en R remplaçant le légendaire Q incarné par Desmond Llewellyn qui fait une sortie clin d'oeil, est également un plus.
Tout ceci finit par donner un 3ème Bond de Pierce Brosnan d'assez bonne qualité, avec des recettes éprouvées mais toujours efficaces, qui aurait simplement eu besoin d'un peu plus de fantaisie et d'imagination dans le scénario et la mise en scène signée Michael Apted ; ce n'était encore une fois, sans doute pas le réalisateur adéquat pour s'impliquer dans la saga Bond. Mais malgré tous ses défauts, je prend quand même cet opus en l'état pour passer un moment agréable.