Par la qualité de sa mise en scène et la virtuosité de ses effets visuels qui, aujourd’hui encore, continuent d’impressionner, Le Monde Perdu cru 1925 s’affirme comme un grand divertissement dans lequel se laisser embarquer : des salons londoniens à la jungle inhospitalière, les différents lieux offrent une évolution de la civilisation la plus sauvage – il suffit de voir les humiliations que doit essuyer le professeur Challenger – à la sauvagerie la plus réglée, où les grands s’attaquent aux plus petits, où les attaques gagnent ainsi en équité. Les affrontements entre dinosaures suivent une logique de duel et présentent la vie sauvage comme une vie grégaire source de cohésion et d’esprit de famille ; ils présentent alors en creux la solitude comme une émanation urbaine : c’est d’abord le professeur qui est marginalisé, puis le diplodocus lui-même, isolé parmi une foule d’hommes et de femmes en délire. Les agressions verbales sont rapportées par de brefs plans incisifs, là où le réalisateur choisit la fluidité des mouvements pour mettre en scène la lutte entre dinosaures. Et que dire de l’animation image par image, sinon qu’elle atteint ici un degré de perfection qui dépasse de loin les prothèses numériques à l’œuvre de nos jours dans ce genre de production ?
Il faut (re)découvrir de Monde Perdu pour comprendre l’importance de l’artifice dans ce réservoir magique qu’est le cinéma : rarement les incrustations auront été aussi réussies que dans le présent film, rarement les combats auront atteint une telle puissance massive, même si c’est de caoutchouc dont il s’agit. Preuve que la minutie et la ruse ont du bon, et que le cinéma est avant tout un art collectif de bouts de ficelles.