• Cette fleur est un antidote contre quoi ?

  • L'état de loup-garou. La lycanthrophobie est le terme médical de l'affliction dont je vous parle.

  • Et vous pensez que je vais croire qu'un homme ainsi affecté se transforme en loup sous l'influence de la lune ?

  • Non. Le loup-garou n'est ni homme ni loup, mais un être diabolique doté des pires qualités des deux.

  • Je regrette, mais je ne crois plus aux lutins, sorcières, démons personnels et loups-garous depuis l'âge de six ans.

  • Mais cela n'empêche pas que dans le Londres ordinaire et moderne d'aujourd'hui, en ce moment même, il y a, à ma connaissance, deux loups-garous.




Le monstre au clair de lune



Et si je vous disais que le premier loup-garou dans l'histoire cinématographique est une femme ; que la grande saga du monster movie lycanthrope pour Universal Pictures est initialement due à un Français ; que le mythe du loup-garou que l'on connaît tous, où celui-ci après une morsure vous transforme en bête, n'était dû non pas aux légendes folkloriques mais à ce film ; me croyez-vous ? Bienvenue dans l'antre de la bête, avec : " Il était une fois, le loup-garou ! '', où nous allons parcourir le prélude du mythe cinématographique.


Le monstre de Londres de Stuart Walker est le premier d'une longue série de films de loup-garou pour Universal Pictures, qui peu à peu va installer son Universal Monsters, en mettant un premier pied dans la crypte lunaire version canidé du genre horreur. Un registre à ce moment-là illustré qu'à trois reprises, avec une première apparition en 1913 pour le long-métrage '' Le Loup-garou. '' Un film muet d'Henry MacRae qui mettait au premier plan Watuma, une sorcière navajo qui pour se venger des colons blancs se transforme en loup-garou pour étancher sa soir vengeresse. Une première œuvre autour de la bête malheureusement impossible à regarder depuis1924 puisque toutes les copies ont disparu dans un incendie. Viens en 1924 une proposition française avec " Le Loup-garou " de Pierre Bressol, puis en 1925 '' Wolf Blood '', de George Chesebro et Bruce M. Mitchell : deux films qui tomberont rapidement dans l'oubli ne trouvant pas le succès escompté autour d'une bête qui peine à prendre véritablement forme.


Une figure diabolique qui trouvera une nouvelle vie avec les ébauches éclairées d'un projet écrit en 1931 par le réalisateur français Robert Florey, qui remettait en avant la bête maléfique en la modernisant et en posant les premières bases de sa malédiction (loin des sorcières ou autres pactes avec le Diable), qui trouveront une forme finale des années après, soit en 1941, entre les mains de Curt Siodmak, avec : '' The Wolfman. '' Avec son projet, Robert Florey présentait un récit situé en Bavière, dans lequel un enfant élevé par des loups qui ont dévoré ses parents, devenait un loup-garou. Universal abandonna le projet à cause d'une séquence jugée trop immorale et violente durant laquelle le jeune homme se transformait en lycan dans un confessionnal, et qui aurait pu être mal perçu par L'église catholique. C'est ainsi que le projet se retrouvera entre les mains du studio qui à partir du texte original du cinéaste donneront vie en 1935 au film de Stuart Walker : '' Le monstre de Londres. ''


Le monstre de Londres présente un récit facile d'accès suffisamment structuré pour offrir une nouvelle vie au mythe. L'histoire commence au Tibet, où le Dr Wilfred Glendon (Hull), un botaniste anglais, accompagné de son assistant, Hugh Renwick (Clark Williams), est à la recherche d'une plante extrêmement rare, la mariphasa lumina lupina, qui prend forme sous les rayons de la lune. À la découverte de la fleur, le Dr Glendon est attaqué par une bête, un loup-garou, qui finit par le mordre. Le Dr Glendon rentre à Londres avec la fameuse fleur mais aussi une terrible malédiction symbolisée par la morsure du monstre. L'horreur peut commencer. Le récit est agréable, car il offre un enchaînement de bonnes idées intrigantes qui maintiennent le suspense avec un conflit entre deux loups-garous, ainsi qu'un symbolisme fort autour de la Mariphasa lumina lupina : la fleur du loup-garou phosphorescente, qui offre un antidote temporaire à la malédiction du loup-garou.



N'oubliez pas, Dr Glendon. L'instinct du loup-garou lui dicte de tuer ce qu'il aime le plus.



Le film de Stuart Walker pose les bases de ce qui deviendra la légende moderne des loups-garous en s'écartant des légendes traditionnelles existantes qui n'ont rien à voir avec la version cinématographique. Ici, le loup-garou doit tuer au moins un humain chaque nuit de pleine lune au risque de rester transformé de façon permanente. Une terrible malédiction qui en plus guide la bête à tuer le cercle intime de l'homme contaminé, avec une dimension épidémique constatée. Pour la première fois, la lune est intégrée dans le schéma de transformation du monstre, ainsi que la transmission par la morsure, ou encore la Mariphasa lumina lupina qui n'est autre que l'avant l'aconit. Une nouvelle approche qui sera perpétuée dans la plupart des films suivants pour devenir à terme la légende officielle des loups-garous avec une pleine lune qui deviendra son plus grand symbole, une morsure sa plus grande crainte, une fleur (la mariphasa lumina lupita : la l'aconit) le meilleur moyen de lutter contre la malédiction, sachant que l'argent n'est pas encore intégré dans sa composante. Dès lors, Le monstre de Londres s'impose comme une œuvre fondatrice d'une grande importance pour cette créature surnaturelle !


La photographie est saisissante avec une mise en scène solide avec des jeux d’ombres efficaces. Les effets spéciaux sont moins élaborés que dans la plupart des films d'Universal Monsters, mais l'effort reste présent. Les traits de la créature par le grand maquilleur Jack Pierce bien que pas mauvais sont légers. Initialement, le maquillage d'Henry Hull se rapprochait du format adopté sur Lon Chaney Jr. dans The Wolfman. Seulement, le studio était encore fébrile sur cette apparence monstrueuse, ajouté au fait que le comédien Henry Hull était favorable à alléger le maquillage original du loup-garou à cause de sa trop longue durée d'application. Cela n'empêchera pas d'avoir droit à des effets de transformation de John P. Fulton convaincant et généreux avec jusqu'à trois transformations. La conception des décors ne s'appuie pas dans une mouvance propre au studio autour du Universal Monsters, avec une brume épaisse au cœur d'une forêt perdue dans les Landes. Tout se passe au cœur de la ville de Londres offrant un contraste moins atmosphérique et lugubre, mais certainement pas désintéressant de par l'amplitude tueur en série qui émane des séquences de traque qui sont satisfaisantes.


Le jeu d'acteur est satisfaisant avec en première ligne Henri Hull dans le rôle du docteur Glendon, un homme pragmatique et droit dans ses bottes qui apporte une notion scientifique au récit avec un appoint technologique intelligent symbolisé par un réflecteur lunaire, ou encore un mini-écran caméra à l'entrée de son laboratoire. La relation qu'il entretient avec sa femme Valérie est réussi, autant dans la dureté de sa position que par son attention tendre envers celle-ci. Valérie Hobson pour Lisa Glendon est pleine de vie, à l'opposé de son mari. Son rôle est malheureusement réduit à peu de choses malgré sa constante présence. La bonne surprise s'opère avec Warner Oland pour le Dr Yogami, un autre loup-garou tourmenté par ses crimes qui tente coûte que coûte de mettre la main sur la Mariphasa lumina lupina. Dr Yogami se présente comme un antagoniste nuancé, qui dans un premier temps tente d'obtenir la fleur par la voie diplomatique. Un homme tourmenté qui veut mettre un terme aux massacres, ce qui fait qu'on ne peut qu'avoir de la sympathie pour lui. Lester Matthews pour Paul Ames est totalement oubliable. L'utilisation secondaire des femmes vient dédramatiser l'aspect épouvantable du récit, avec des séquences amusantes montrant des vieilles dames se disputer.



CONCLUSION : ##



Le monstre de Londres de Stuart Walker est un classique qui ne mérite pas de tomber dans l'oubli de par son apport remarquable et essentiel qui installe les premières bases de la légende cinématographique du loup-garou durant lesquelles de nombreux autres films se construiront. Ce n'est pas le meilleur film d'Universal Monsters, mais c'est assurément l'un des plus représentatifs.


Un film d'épouvante divertissant, non pas dénué de défauts, mais assurément captivant pour le fan du loup-garou.




  • Ce soir, c'est la première pleine lune.

  • Vous y revoilà avec vos contes de bonne femme.

  • Si seulement c'était un conte de bonne femme !


B_Jérémy
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Classement du meilleur au pire des films d'horreur dont j'ai fait une critique et « Halloween 2022 », des têtes vont tomber "MOUHAHAHA"

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le 9 déc. 2021

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