Michel Deville n'est ni amoral ni pessimiste. Son sujet semble moins exprimer sa vision sociale que constituer un simple essai sur l'arrivisme. L'approche du cinéaste n'est sans doute pas sans âpreté ni sans une certaine froideur, mais n'a pas la noirceur des études de moeurs les plus désenchantées. Probablement parce que derrière la gravité morale des actes de Nicolas Mallet, la mise en scène conserve un peu de fantaisie, voire l'espièglerie récurrente de Deville.
Mallet est un employé de banque modeste et timide; jusqu'au jour où, sur les conseils d'un étrange ami, il s'emploie à devenir un personnage important par tous les moyens: séduction, trafic d'influence...Mallet se fond avec succès dans le milieu des affaires et de la politique avec toujours moins de scrupules.
Au côté de Trintignant, sorte de candide perverti, Jean-Pierre Cassel compose un être cynique dont on ne sait précisément s'il incarne l'ambivalence humaine ou une conscience diabolique. Mallet et lui ont du moins l'excuse qu'autour d'eux règnent la corruption et les ambitions. Seul le personnage de Romy Schneider échappe à l'indignité ambiante et Roberte semble destinée à figurer une
victime expiatoire.
Très belle interprétation d'ensemble.