Second film que je découvre du cinéaste Yilmaz Güney avec Le Mur. Le cinéaste décédera à l'âge de 47 ans et cette oeuvre constitue la dernière de celui qui a dû fuir la Turquie pour la France.
Le cinéaste s'attache à retranscrire les conditions de détention dans les prisons turques, que l'on soit adulte ou enfant, homme ou femme. Güney connait bien ces conditions puisqu'il a, lui-même, été détenu par le passé.
Le réalisateur tient surtout à montrer l'horreur de la détention, la brutalité des gardiens ou des autres détenus du point de vue des enfants. Des séquences de pédophilie sont d'ailleurs évoquées dans l'oeuvre, par des séquences hors-champs. En cela, Güney fait preuve d'une certaine distanciation et d'une justesse dans son propos.
Le film est d'ailleurs assez bien réussi en dépit des conditions difficiles pour boucler un budget. Güney a néanmoins tenu que les enfants ne soient pas des acteurs professionnels. Il a pu compter sur la communauté turque d'Allemagne pour trouver ces enfants. Pour ajouter au réalisme de leur jeu, le cinéaste voulait des enfants qui aient connu les centre de détention pour jeunes en Allemagne.
Le film manque néanmoins de puissance. D'une part parce que Güney rallonge ce film qui aurait pu tenir en 1h30 sans que cela n'aie de conséquences négatives pour le propos. D'autre part, parce qu'il fait preuve de maladresse sur certaines séquences, notamment lorsqu'il filme ce pénis en gros plan pour nous montrer un enfant non-circoncis. Un peu ridicule car les réactions des gardiens font très bien comprendre l'objet de leur colère. Dommage quand on sait à quel point le cinéaste pouvait justement se montrer juste, comme exprimé auparavant.
Enfin, pour conclure, c'est que le film a été tourné en français et en turc étant donné l'origine de certains des acteurs. Si je mets le film en VO, les acteurs français sont doublés en turc. Si je mets la VF, les acteurs turcs sont doublés en français ce qui suscite dans les deux cas un certain décalage. S'il ny a évidemment rien de critique là-dedans, cela se remarque néanmoins.